Le mois d’août touche à sa fin. Elle aura bientôt exploré toute la ligne. Il reste pourtant deux stations particulièrement intrigantes, Mouillard et La Piémente. Mouillard est situé sur le parcours du bus en site propre, à la sortie d’un tunnel et à l’entrée du pont d’accès à la gare de Vaise réservé aux bus. La Piémente à la sortie du tunnel au milieu des arbres sur la pente du plateau de la Duchère. Ce sont pourtant des stations fréquentées, à la montée comme à la descente.
À Limonest cimetière où elle gare sa voiture, le 21 de 9 h 03 fait son retournement et redémarre sans qu’elle ait le temps de monter. Il était sans doute en retard et elle n’a rien à faire : 26 min d’attente de son collègue qui vient de Chasselay. Elle retrouve la vendeuse d’Aubert, puériculture. Sa copine ne parle pas aujourd’hui, renfrognée sous ses écouteurs, elle a perdu son chat. Pas eu le temps de mettre ses ombres à paupières rouges, trop pressée. Elle habite Paris mais ses parents tiennent le restaurant italien de Chasselay, propriété autrefois de Rocco.
Lorsqu’elles descendent (la copine n’a pas dit un mot), elle s’approche des deux garçons tout vêtus de rouge qui se ressemblent tellement. Ils sont jumeaux et vivent dans la colocation de Montluzin : la maison Saint-Joseph. Ils partent prendre le train pour Le Mans assister au mariage d’une cousine. Elle discute et rate l’arrêt La Piémente, le prendra au retour.
Elle descend à Mouillard, c’est le nom de la rue qui passe en dessous et à laquelle on accède par une rampe aménagée d’un côté, par une sente créée par les usagers de l’autre. On domine l’emprise SNCF, son jeu de boules, son centre de formation et d’autres bâtiments interdits d’accès. Un homme taille la haie de ronces, pour s’occuper dit-il. Avec le soleil du matin, on voit son ombre sur la photo, tant pis ! elle ne recardera pas. Deux garçons sortent du bus avec des caddies pleins d’objets (un déménagement sans doute); l’un des deux réclame une photo qu’elle prend avec plaisir, en rouge devant des tags sur un mur blanc.
Vieux bâtiments, réhabilitation, constructions neuves genre résidences privées (dans la pente où trois villas ont été démolies) ou genre OPAC, la rue et la pente se transforment. « Où tous ces gens se gareront-ils ? Et la pente tiendra-t-elle ? » demande le tailleur de haie. On n’est pas loin de l’aplomb des deux tunnels, celui du bus et celui du périphérique Nord, mais le coupeur de ronces est trop jeune pour se souvenir de la catastrophe de Fourvière en 1930 (40 morts dans l’effondrement d’un pan de la colline) . Peut-être voleront-ils comme Louis Mouillard (1834-1897) qui s’est jeté des tours de Fourvière pour tester ses conceptions du vol sur le modèle des oiseaux ? Le sacristain l’a retenu ; Louis Mouillard a une stèle à l’entrée de l’aéroport de Bron.
La Piémente est une autre découverte : dans un parc boisé, les tours qui paraissent petites (14 étages quand même) de la résidence du parc des Monts d’or, juste en dessous des barres de la Duchère et dominant le panorama de la gare de Vaise. Des terrains de jeux pour les enfants, des bancs, des chemins aménagés. La rue de La Piémente qui court sur la pente se termine en impasse. On ne peut redescendre qu’à pied vers Rochecardon par le chemin des contrebandiers. Pas étonnant que, du bus, elle ait vu un gamin qui dévalait en vélo la voie interdite ! C’est là qu’on a placé Odynéo -Handicap et parcours de vie-; pratique pour des gens en fauteuil roulant.
Le 21 est beaucoup plus rempli que d’habitude, deux amis discutent de logement pour la rentrée. Et comme son appareil photo affiche des messages étranges, elle le teste et prend la photo sans leur demander.
Je continue à m’installer dans vos bus avec le même plaisir. Merci pour le circuit du jour.
c’est gentil. La suite rentre dans l’action : une pétition pour accroître la fréquence de la desserte du village lancée par mes voisines. Quand l’écriture rencontre la revendication.