A l’approche de la nuit noire, mes pas me ramènent toujours au même endroit, et je vois, le crépuscule qui déchire de ses doigts, l’insouciance d’un jour heureux. Avant que les griffes de la nuit sombre ne me capturent et m’emprisonnent, quelques fragments du ciel éclatant se glissent discrètement dans le creux de mes mains. Je déambule, seule, au milieu de ce décor troublant, presque morose. Lorsque je lève la tête j’aperçois des astres. Ils ne brillent pas. Ces étoiles cassées se détachent du ciel, s’abattent sur moi, comme une foule et tous ces fous qui s’effondrent sur
Toi, que je ne connais pas, mais qui est de ceux dont les rêves sont des miroirs. Tu ne crois qu’aux songes parfaits, aux vies cruelles, aux morts incertaines, et les nuits d’hiver sont celles que tu préfères. Tu aimes observer chaque frisson qui parcourent le cou des tendres femmes, des amantes les plus redoutables. Les nuits glacées sembleraient te défier lorsque ce ne sont pas tes mains qui saisissent les ondulations d’un corps chaud et sacré. Mes nuits, pourtant, te sont inconnues mais les tiennes me révèlent secrètement tes pensées dénuées. Ainsi, voici tout ce que j’entrevois lorsque je m’éternise et déambule dans ton regard. Tu sais, la nuit ne te sauveras pas, et
Moi, je n’ai pas peur de ce que tu crois. Le bleu de tes yeux devient tristement noir lorsqu’il n’y a plus d’espoir, mais, tu ne m’emprisonneras pas dans ton reflet, car l’Enfer y est déjà. Le reste de ma vie a déjà commencé, sans toi. Mon amour, quand la nuit te laissera seul et misérable et qu’elle accrochera l’ombre de ton âme sur un astre déchiqueté, je m’échapperai de tes bras. Demain, à l’aube, lorsqu’Hélios reprendra sa place, je ne serais déjà plus là.