Jour 1
Comme une fourche mais pour manger, piquer et avaler les aliments
est-ce que cela à voir avec la tête?
4 dents de plus en plus fines mais pas acérées, pas suffisamment coupantes.
Fourchette la courbure sensuelle et douce du repas
travail de concert avec le couteau plus agressif.
grâce à la fourchette, on garde la main propre à la fin du repas.
permet aussi de saucer dans le plat en piquant un morceau de pain
acheté chez Emaus, elle a connu d’autres doigts et d’autres bouches.
A coté de l’assiette, elle est immobile et patiente. La fourchette attend son heure.
Jour 2
Est-ce une fourche qui aurait perdu sa tête et ton t? Courbures sensuelles, la fourchette attend sagement son heure pour piquer et nous aider à saucer le plat à la fin. La fourchette soupire en attendant de revoir le couteau, cet allumeur de désir. Ils se croisent toujours, parfois ils sont si près qu’elle en est toute chose à la limite de fondre. La fourchette sent bien que le couteau n’est pas indifférent à ses courbes.
Jour 3
J’observe la fourchette posée à coté de mon clavier d’ordinateur. Mes pensées dérivent d’une idée à l’autre. Je perds le t et la tête comme la fourche? Grâce à la fourchette nous sommes plus civilisés à table. L’homme mange plus proprement et peut serrer la main pour sceller un accord de paix obtenu pendant le repas. La fourchette est bien l’ustensile le plus réfléchi de la table car il est venu en second après le couteau, plus simple et plus direct dans sa relation à la nourriture. J’ai mal aux dents tout en écrivant sur la fourchette… Hasard? Je regarde à nouveau la fourchette poser tout prêt de moi et sa présence me donne faim, je peux déjà imaginer ce que je vais piquer avec puis déguster délicatement après avoir extrait le met de ses dents fines. En coupant la viande, j’aime regarder le balai de séduction entre la fourchette et le couteau.
Jour 4
Je suis fier de ma belle fourchette achetée chez Emaus. J’admire ses courbes sensuelles qui s’arrondissent à coté de l’assiette, frémissante à l’idée de retrouver bientôt le couteau. Je sais que ses derniers propriétaires sont une grande famille alsacienne de Bourbach-le-Haut avec 9 enfants. A la mort des parents, des fourchettes ont été retrouvées sous le lit du grand-père comme gardées précieusement. Il faut dire qu’avec sa belle allure, elle fait perdre la tête au paysan cette fourche sans t. Le grand-père devait aimer saucer proprement ses plats pour avoir autant de fourchettes chez lui. A chaque fois que j’admire cette fourchette, elle me donne envie de dévorer. Aurait-elle des pouvoirs de sorcière?
Jour 5
Le repas est servi. Tous les convives sont impatients de manger mais ils attendent mon signal comme à chaque fois. Ils savent qu’une histoire va servir d’apéritif et qu’ils n’y couperont pas sous peine d’exclusion. Je leur demande d’admirer les courbes sensuelles de mes nouvelles fourchettes. Je glisse mon doigt sur celle-ci en leur expliquant que c’est l’ustensile le plus réfléchi de la table, le plus civilisé. La fourchette est une petite fourche faite pour piquer les mets sans les mains et surtout pour saucer proprement les plats. L’homme l’a surtout inventer pour domestiquer le couteau, trop brutal et saignant. C’est bien grâce à une fourchette que mon grand-père de Bourbach-le-Haut a pu impressionner ses voisins paysans et conclure, en se serrant des mains propres, l’achat des parcelles de terrain voisines de la sienne. A notre tour de faire jouer nos fourchettes, d’entremêler couteaux et fourchettes, sans perdre néanmoins la tête, et de dévorer la réconciliation contenue dans nos assiettes.
le début de la civilisation moderne 🙂
tant qu’on ne la plante pas dans la main de son voisin…
c’est vrai que cela peut être tentant… 😉
ça me dirait bien de savoir ce que le couteau raconte à la fourchette, drôles de numéros ces deux-là !
Merci de l’écho… cela mérite réflexion 😉 Pourquoi pas un complément.