Les fleurs du cerisier tombaient, dansaient sous un ciel lumineux de printemps. Le soleil me réchauffait le visage, je me sentais bien. Assise sous cet arbre en fleur, la belle vue des vignes de mon enfance devant moi, je regardais ce spectacle avec la plus grande attention qu’on pu imaginer. Les pétales tombaient les unes après les autres, il devait surement y en avoir de coincées dans mes cheveux, mais je les laissais. Je ne voulais pas m’arrêter de regarder, je ne voulais pas les enlever, j’étais absorbée, j’était comme en osmose avec ce magnifique paysage, je faisais partit d’un tout. Je n’avais ni besoin de penser, de réfléchir, d’argumenter. Je n’avais qu’à profiter, faire le vide. Je n’avais qu’à vivre, vivre l’instant présent, l’instant que l’on ne vit jamais. Je vivais l’instant qu’on ne prend jamais le temps de prendre, et j’étais bien. J’étais seule, mais pas totalement, car j’étais avec la nature, cette nature que je chéris tant, cette nature qui doit être ma plus belle amie, ma plus belle facette, ma plus belle partie de moi. Cette nature qui doit être mon tout. Alors, je continuais de regarder les fleurs du cerisier danser devant mes vignes.
Quelques mois après, apparaissaient les fruits bordeaux des magnifiques pétales du cerisier. Nourris par le ciel et la terre, ces fruits cachent en leur sein un cœur de pierre. Mais en dehors c’est une douceur sucrée qui ravivait mon esprit. Ensuite je continuais mon chemin parmi les vergers, le vent se fendait sur mon front et mes pommettes rougissaient devant cette tranquillité. Un pas l’un après l’autre, j’entendais l’eau qui ruisselait en amont avant de retomber sur un autre chemin. Je recommençais ces promenades à chaque changement de saisons pour voir la nature grandir avec moi.