Sur ce relief montagneux en fond de toile se dessine une dent crochue, acérée, prête à nous croquer. En contre-bas, une énorme goutte d’eau scintillante qui semble s’étendre à perte de vue. Le lagon bleu chatoyant miroite dans mes yeux la force infinie du soleil d’été. C’est ce même soleil qui imprègne ma peau, et je m’en vais, dans l’eau. A mesure que je m’enfonce dans les flots, je vois des vieux bateaux et les racines des roseaux. J’aimerais prendre des photos mais mes yeux s’en chargerons. Enfin j’arrive à ma destination finale, l’objet qui convoite la curiosité de tant de monde, au fond de l’eau. C’est une épave très particulière, d’un siècle passé qui dort paisiblement au fond des flots. C’est une épave en loque, en débris dont la carrosserie portant une croix gammée est encore intacte. A jamais puisses-tu reposer dans l’obscurité des eaux, tout comme les heures sombres du siècle passé.
Dans ce monastère, un silence calme et reposant régnait. J’aimais retourner dans ce lieu mystique de temps en temps, pour consoler mon âme de ses agitations sans fin. L’imposant édifice en pierre, bâti il y a bientôt neuf cents ans, repose tranquillement sur les bords de l’eau. Après la visite de l’Abbaye, je décidais alors de me promener dans les jardins sauvages et verdoyants du lieu. D’ici, l’imposant lac se répandait face à mes yeux à mesure où je m’approchais du rivage. Quelle beauté et quel émerveillement pour mon regard et mon âme ! Quelle chance inouïe de pouvoir contempler ce trésor de la nature, pourtant si simple et si riche. Mais bientôt, la journée touchait déjà sa fin, et je quittai les lieux l’esprit serein. Je me retournai alors doucement, quittant le lac dont les scintillements prenaient fin.
C’est si agréable de prendre le train. On saute dans un wagon sans se poser davantage de question et on se laisse bercer par le rythme régulier des rails et des virages. Je voulais m’abandonner à la paresse quand soudain, par la fenêtre trouble du train, des étincelles stimulèrent mon attention. La finesse et la grandeur du lac m’apparurent soudainement, comme une révélation. Il demeurait là, simplement, reflétant notre astre de feu. Il demeurait là, joliment, pour le plaisir de nos yeux. Il me plongeait dans cet état de contemplation, de béatitude incommensurable qui nous saisit chaleureusement le cœur. Mais l’obscurité soudaine me surprit. Le train fonçait, entier, dans la gueule béante d’un tunnel. Au revoir et à bientôt, lagon de mon extase presque infinie.