les chiens n’aboient plus ils sont devenus vieux aussi
ils n’aboient plus que quand tu ouvres la porte et que tu entres
avant ils entendaient la voiture arriver de loin
ils aboyaient le père gueulait OH! les chiens OH!
la mère criait aussi oh ça va et un ton en dessous pour elle même il me fatigue cet homme à toujours crier il me fatigue
les chiens n’aboient plus que quand tu ouvres la porte
ils sont devenus sourds
ça va papa? non ça va pas
c’est ton traitement? non
(tout doucement, presque pour lui) c’est pas mon traitement
qu’est-ce qu’il y a ? rien
les chiens n’aboient plus trop ou alors tard quand tu es déjà entré
ça va maman ? non ça va pas
qu’est-ce qu’il y a ? rien
elle porte la main à sa poitrine pleine de tristesse
le café refroidit le petit-déjeuner est servi comme toujours
les chiens sont dans les pattes
les leurs se raidissent l’un se traîne sur l’arrière-train qu’il n’arrive plus à redresser que parfois quand il aboie, il aboie comme ça les pattes de devant dressées le corps paralysé secoué par les aboiements
il se traîne sur l’arrière-train mais il est encore là dans les pattes
à se dire que c’est là qu’il voudrait mourir
au pied des maîtres
Une histoire de chiens qui parle aussi de leurs compagnons de vie – une vraie bulle ! triste bien sur l’arrière-train – et pas que – qui vieillit… mais si authentique ici avec aussi toutes nos contradictions…
Ce n’est pas vraiment gai, certes mais une tristesse simple directe sans fard ; Cela m’a touchée
on dit les chiens mais ce n’est pas dédain c’est lien entre groupes fraternité dans l’âge et vraie com-passion
J’aime, et d’abord beaucoup le titre, intrigant. Et ce basculement intérieur du père qui n’est pas dans le visible, la vieillesse, mais dans « les chiens n’aboient plus »: tout y est, le lien d’une vie avec les chiens, le temps, la transformation de la scène de base du quotidien, sans doute mille fois répétée, de l’arrivée de quelqu’un.
ça me fait écrire, tiens!
J’aime beaucoup ce texte sobre et beau sur ce qui s’éloigne et s’absente doucement, par petites touches.
j’en connais des comme ça et qui n’aboient plus ou peut-être seulement pour les maîtres sont plus là