Certains s’endorment dans les discussions de l’Académie suédoise, salon du Comité Nobel où P. S. -les compte-rendus du secrétaire perpétuel s’obligent à un certain anonymat- tente de faire valoir son idée de transition vers un prix Nobel de cryptérature.
S. S. s’est réfugié dans les toilettes où il s’asperge abondamment d’eau fraîche, s’amusant au spectacle des gouttes qui ont du mal à s’accrocher sur le nickel chromé impeccable. Tant mieux, selon lui, n ne peut en rester au point, il faut que ligne se fasse.
De l’autre côté de la cloison, c’est la cuisine, toujours prête à ravitailler les personnes en conciliabule dans tel ou tel salon de l’Académie. Sur le long billot en bois le pain se tranche, pas toujours suédois, la cuisine européenne y est bien souvent simplement traduite.
En crevant la plafond on atteint la bibliothèque. Les œuvres des lauréats et lauréates -K.L. tient tout particulièrement à la pratique de l’écriture inclusive, fondée d’ailleurs sur l’antériorité en la matière de Selma Lagerlöf- y sont archivées dans la plus grande ampleur possible. Pourtant, il vient ici peu de visiteurs. La littérature la plus éminemment distinguée est donc ici une sorte de cryptérature…
Ce qui ne doit pas se savoir au-delà des cloisons sud et est, dans les bureaux des services de suivi de l’attribution des prix. Là, on travaille encore à l’ancienne, les machines à écrire crépitent, lieu d’exception ! le numérique y est proscrit. Avec les lauréats et les lauréates -il faut reconnaître que P.S. a soutenu K.L. et aussi E.M. dans leur réclamation de l’écriture inclusive, toute correspondance se marque sur le papier par des percussions de métal encré. La littérature auréolée fera comme elle voudra, la littérature grise, elle, veut se faire voir non seulement en contraste mais aussi en relief.
Saveurs d’un autre monde (pour moi). Un exotisme au service d’une ambiance surannée. J’ai aimé ce goût.
En tout cas, après la lecture des Lendemains de Félix Fénéon, je me dis qu’au moins en incluant les codicilles, nous tentons tous deux une écriture qui parle d’écriture…
Et oui on peut presque sentir les caractères au toucher derrière la vitre de la tablette , peut-être y a t’il quelque part en ces lieux un obscur bureau qui traduit tout l’important en braille…
Cela m’a fait rebondir vers la Méthode Erickson et la question de savoir s’il fallait sortir de la neutralité ou pas… Peut-être pas, mais écrire quand même dans une sorte d’auto-hypnose ericksonienne peut-être qui est une sorte de dégagement… ou pas…