Petits galets, galets tout ronds, galets si lisses qu’on les dirait sucés par la bouche d’un enfant, léchés par la langue d’un géant, galets salés, galets bonbons, galets tout doux, galets velours, galets pointus, galets baroques, galets massues.
Galets inertes, juste posés, entremêlés, enfouis, galets charniers, amoncelés. Galets roulés, tourbillon d’eau, de mousse, d’écume, de blancheur, de choses qui glissent entre les doigts, de sel, d’étincelles, d’éclats de mica, de grains de pierre, poignées de billes.
Empilement de galets, comme un signe éphémère, pour qui, pour quoi ? Pour montrer le chemin, petit Poucet, pour dompter le hasard, pour prévenir l’incongru, pour faire taire le chaos, une fois enfin, pour ranger ses idées, pour apaiser ses questions, pour que cesse le tourment.
En prendre un et le peindre, comme un travail d’écolière, en prendre un parmi tous, lui donner des couleurs, le peindre aux teintes de l’insouciance, à la gaieté ephémère, et l’offrir en partage, galet figé, galet donné, galet arraché, endormi sous le lit de mon père. Legs d’un galet.
Jolis galets sur le chemin.