Prologue
J’ai pris l’avion pour Angkor, la cité aux centaines de temples. Sur 200 kilomètres carrés percés d’ombre et de lumières, je me demande combien on en dénombre, et combien d’anges. Ta Prohm, Ek Phnom, Wat Ek Phnom, Ta Som, Angkor Vat, Kbal Spean, Bayon et ses 216 têtes de Boudha. Déjà par le hublot je les imagine tours hérissées de feuillages ou palais flottants. Et c’est déjà un paradis semé, écoumène sous la jungle, mordus et rongés de lianes. Le faste entortillé de plantes grimpantes.
J’ai sillonné 58 kilomètres de canaux et de digues, croisé des dizaines de douves et de réservoirs. J’ai longé la rivière aux mille lingas. J’ai marché sur les dalles-miroirs serties d’anciens dieux qui se reflétaient dans les flaques. J’ai vu des larmes de lotus, de romduol et de nénuphars dans la rivière Sangkae. J’ai vu la plaine inondée et des murailles s’élever dans des lacs. Sur les traces de Pierre Loti, j’ai rêvé de démons et de mythes, de rois disparus. Avec lui, j’ai vu au fond des forêts du Siam, (…) l’étoile du soir se lever sur les grandes ruines d’Angkor. J’ai vu des figuiers étrangler des statues, des portes prisonnières de racines. J’ai vu des éléphants de pierre terrassés par des arbres. J’ai vu carnivores et phalliques, des fleurs arrachées aux talus, des rochers dévorés de légendes dans les odeurs d’humus. J’ai vu le grès et la brique picorés de mousse. J’ai vu pâlis par le temps des murs de latérite caressés par Shiva, ces ravissements d’apsaras.
J’ai la berlue; hier j’en avais lu un autre qui parlait de la Grèce ?
Hier c’était le voyage réel.
est ce que tu vas les réunir, tes voyages ? du moins les publier ensemble…
à suivre en tout cas