C’est la plus petite commune de la métropole de Lyon, pas plus de mille habitants s’il elle n’abritait pas la caserne du centre stratégique de surveillance du territoire. C’est tout près de chez moi, 9 km, mais de l’autre côté de la montagne. Toute petite montagne qui culmine à 611 m au mont Thou, mais si pentue que les lacets de la route d’accès valent presque ceux du col du petit saint-bernard pour descendre vers Bourg-Saint-Maurice. C’est la patrie d’Ampère. Mon Dieu que le village est pentu ! Et ses rues en épingle à cheveux ! Pas étonnant qu’il ait fallu des années pour décider de l’emplacement de l’église et de la mairie. En haut ou en bas ? Le haut, un belvédère venté d’où l’on voit des monts du Lyonnais aux Alpes, le bas un frais vallon arrosé par le Thoux qui sort d’une résurgence qui alimentait Lyon du temps des Romains et va désomais se jetter dans la Saône.Je n’y étais jamais allée.
J’y vais pour rencontrer un auteur qui a trié les archives du village et en a fait un livre fort bien mis en page par une professionnelle amie d’amis. Quadrichromie, papier glacé, intercalaires de couleur,115 pages, sobre et peu coûteux 12 euros.
Quelle drôle d’idée a eu Madame la Maire de faire un deuxième livre à partir des données du premier en y ajoutant des personnages de fiction ? Et quelle fiction ! Une fille qui revient de Bretagne à Poleymieux pour reprendre la maison du grand-père biologique qu’elle n’a jamais connu parce que sa grand-mère en a épousé un autre ignorant qu’elle était enceinte du premier ! Le roman « historique » a été distribué aux habitants !
Lui, le premier auteur, le trieur d’archives récupérées dans des caisses éventrées « dans un local d’archives très exigu, bas de plafond et difficile d’accès » ne s’en offusque pas. Il a collaboré au deuxième livre dans lequel le sien n’est pas cité et où il n’est crédité que pour des photos (sans précision). Il me confie que la référence sur laquelle s’appuie le livre de la mairie pour raconter l’histoire du châtelain assassiné par les villageois en 1791 lui semble bien fantaisiste, il en préfère une autre moins romanesque, mais plus sérieuse, comme il préfère l’étymologie de Mont d’or qu’il présente : montagne des eaux (douro, dore) et non montagne de l’or. Ce qui lui importe c’est d’avoir sauvegardé le patrimoine de la commune dont il fournit plusieurs copies d’archives, scrupuleusement transcrites. Il a reconstruit le fil chronologique de l’ histoire du village comme il reconstruit les cabornes de pierres sèches, abris des bergers et de viticulteurs des Monts d’or depuis plus de mille ans devenus terrains de jeux des enfants quand les écrans n’existaient pas.
Aucun des deux livres ne comporte d’ISBN. Ils tomberont tous les deux dans l’oubli de futures caisses d’archives entreposées dans un local obscur. À moins qu’un passionné ne les exhume…
Cet homme serein s’appelle Vincent Peytel, il était autrefois paysagiste.
Superbe ! On y « sent » ce dont parle consigne, l’élision et le cut installe les tensions, et nous construisons intérieurement ces petits voyages, le tien pour rencontrer l’homme et le sien dans ses escaliers, à l’image du village en pente. Un très fort effet de vivant.
Merci catherine. Tu dois connaître ?
Tout le texte, et l’histoire des archives entremêlées (comme buissons épineux en bordure de chemins) sont arqués, pentus c’est métalittéraire métapente métamontagne, on s’y perd comme en méandres autour, et finalement revient à la source de terre et de poussière. Que c’est chouette et étonnant !