C’est d’abord des sons qui s’éloignent pendant que le paysage s’étire, s’aplatit, se défigure. Tu perds du vertical, comme ça ! Il s’enroule en dedans, t’aspire, tu ne sais comment. Tout se désorganise. Tu prends une forme brouillée, tu te dissipes, tu t’étales, ton regard vacille. Bras et jambes en lutte pour rassembler ce qui s’égare dans la spirale du dedans avec la sensation inverse et diffuse que tout se disperse de toi au-dehors. Quand les sons reviennent, ils sont grinçants, les mots ne les habillent plus et tes pensées courent dans tous les sens, intenables. Tu ne cherches pas d’appui extérieur, tu restes en dedans, espérant un cri du corps, une raideur soudaine alors que tout penche et t’emporte. Ton salut te vient quand s’impose un seul impératif: tu vas devoir croiser, est-ce les bras? Est-ce les jambes? Tu ne sais, tu dois quelque part croiser quelque chose de ton corps pour qu’il renaisse debout.
Cette plongée dans l’abstraction pour étreindre le concret sans écart m’épate.
Merci de ton commentaire Clément, car l’abstrait et le concret, c’est la grande bagarre pour moi en écriture !
« tu dois quelque part croiser quelque chose de ton corps pour qu’il renaisse debout »
Cette phrase me touche, elle me semble à la fois paradoxale et juste.
Cette phrase est née sous ma plume, elle m’a touché, je l’ai gardé. Merci Vincent
J’aime beaucoup « tu restes en dedans espérant un cri du corps » et le croisement pour renaître très intuitif, très juste et me fait penser au développement du tout petit. Merci
merci Marie de cette référence au développement du tout petit. c’est très interessant !
Happée par votre texte qui parle au mien : le vertical qui s’effondre le paysage qui s’applatit l’aspiration du dedans. Et s’il n’y avait rien à croiser ?
A croiser nos textes et nos regards . Merci Cécile
On saisit le paysage qui bascule, la spirale qui tord le corps tout en l’éclatant et ce sursaut final du mental, il faut croiser…
Magnifique !
De plus, j’adore l’usage du « tu ».
Merci de ce regard croisé sur ce texte. Et le tu m’est venu dans une forme de dialogue intérieur qui relevait de l’évidence.
Je voulais dire la beauté de « croiser quelque chose de ton corps pour qu’il renaisse debout ».Je vois que c’est déjà fait. Je le fais quand même ! Bravo.
Merci Bernard. J’ai eu du mal à écrire ce texte mais cette seule phrase m’a révélé la belle utilité de l’exercice.
J’aime beaucoup « tu perds du vertical » et l’intuition de la fin du texte est superbe, inspirante.