La nuit, le jour, le mois, l’année, les ans, les minutes, les secondes, les saisons, les jours fériés, les congés payés, les congés sans soldes, les vacances, les périodes de galère, les mauvaises passes, les jours de chance, les heures sombres (de l’histoire), les coups de bourre, les instants de grâce ou de répit, le quart-d’heure de célébrité, l’occasion à saisir, la dernière chance, la première fois, les prolongations, l’appréhension, les horaires (et leur décalage), les trois-huit, le temps partiel, plein, long, le temps mort (tué), le temps mort (sportif), le retard, le nouveau départ, le ralenti, la minute d’avance, la progression, la monotonie, le rythme, le tempo, la (dé)synchronisation de post-production, le temps du repas, la vieillesse, la jeunesse, la maturité, la période active, le temps de formation, la retraite, le temps de travail invisibilisé, la transition, la reconversion, la répétition, la première, le temps de voir, le temps en temps, le temps qui est à la fête, celui qui est à l’orage, celui qui se possède (et non celui qu’il fait), celui qui ne se possède pas ou plus, ou « pas trop » (et qu’il ne fait toujours pas), le temps de vivre, celui des cerises, celui qui doit suspendre son vol (Ô), celui qui « arrêté » y est parvenu, celui que l’on s’accorde, celui que l’on accorde, le temps de chargement ou de concentration, les temps de guerre, de paix, le temps qui s’accélère (parait-il), celui qui est « venu », le nôtre (de), celui dont le morne le taciturne et inquiétant Saturne qui bouscule les roses préside aux choses, le temps nécessaire pour que Jeanne et Pierre ne regrettent rien, le temps perdu retrouvé par Marcel, celui que l’on a pas vu passer et puis les siècles, les lustres, les millénaires, les règnes, leur apogée et leur décadence, le point d’acmé, les instants décisifs, la création, l’éternité, nos jours (de), l’ultime onction, la pause pipi, la fréquence de l’oscillateur à quartz, la procrastination, le souvenir, le temps de trajet, le temps de recueillement, le temps de lecture, le temps de sommeil, le temps de la relecture, la fin des temps.
une belle traversée du temps sans fin merci
Je suis très heureux que cela vous plaise. J’ai adoré l’exercice !
ça se sent ! écrire dans l’euphorie, il en reste toujours qqch.
Beau challenge que de s’emparer du temps…
eh oui, c’est vrai, je confirme ! il s’accélère. Et j’aimerais bien le retrouver tout comme Marcel…
à bientôt, Clément
De nouveau j’apprécie cette longue accumulation temporelle, j’ai cependant buté sur les parenthèses, peut être voulais je lire plus vite qu’il ne faut ?
Merci du retour. Je lis ces parenthèses à la manière d’une seconde voix dont la logique propre est l’explicitation du recours à une expression littérale et l’imitation formelle de ce que l’on pourrait trouver dans un registre ou une notice de dictionnaire. « Le notre (de) » se lit « de notre temps » ; « nos jours (de) », qui ne se situe pas dans une suite d’anaphores faisant littéralement référence au temps, « de nos jours ». Effectivement celles-ci fonctionnent pour moi à la manière de petits îlots de suspensions critiques qui permettent de varier la vitesse de lecture entre diverses phases d’accélération du texte dont les points ont été bannis — des tirets auraient sans doute été possibles. Le choix parait peut-être trop directif ? Je suis à l’écoute de toute suggestion. (Je ne suis pas certain par exemple que le changement de rythme entre « la première » et « le temps de voir » est suffisamment apparent. Il suivait initialement les deux temps « morts ».)
merci de ces précisions et donc de cet échange. J’apprends beaucoup !
un point après la première??
Et hop! Moi j’aime bien ces parenthèses, qui ajoutent un niveau de lecture, surtout qu’elles ne sont ajoutées que de temps en temps (cf ère, période, longueur de temps)…
les parenthèses apportent quelque chose. par exemple, à la question : « et tes amours, ça va ? », si je réponds : »j’ai dû mettre ça entre parenthèses », je ne dis pas forcément le pourquoi ni le comment de ces parenthèses. l’entre parenthèses crée un second plan, un décrochement un va et vient, puisqu’on entre et sort de la parenthèse, un avant-arrière, comme fait le temps, justement. surtout si, en plus, on inverse les mots. le rythme de ce texte est binaire, les entre-parenthèses ternaires. on va de l’un à l’autre et finalement ça se superpose. j’aime beaucoup.