Le sentiment de l’été qui approche, l’attente du vert profond, du soleil cru, peau rétractée sous la chaleur, crépitant, le sentiment des peupliers le long des routes, des branches secouées par le vent, le sentiment des champs brûlés, du jaune asséché, appelant l’eau fraîche, goutte à goutte évaporée, envie d’oublier, de se fondre dans la langueur des rêves, le sentiment des feuilles qui tremblent, des feuilles superposées, de la profusion, le cœur battant plus vite, battant plus fort, les yeux clos sous la membrane rouge du plein soleil, rejoindre un sentiment d’enfance, odeurs de pins et craquements légers, le sentiment de la mer proche, du scintillement, frôlant aussi des flash-backs calcinés percutant la mémoire, je voudrais éloigner l’inquiétude du plein été, la peur du plein été, du débordement, souvenir d’insectes cheminant dans la poussière, fermer les yeux et les rouvrir, le sentiment de la présence des arbres, de la profondeur des ombres, le sentiment d’attendre, vouloir et ne pas vouloir, vouloir au plus haut point et vouloir fuir, espérant, espérant, tendant son visage au vent, fermer les yeux et les rouvrir, à la fois vivante et morte, comme sidérée, corps immobile et palpitant, à l’affût d’un signe, vibration de l’air, battement du sang, entrer en l’eau froide, se glisser dans le lac entouré d’arbres, étirant ses bras dans l’eau sombre, le sentiment du dehors quand il s’invite dedans, dissolvant la frontière de soi.
Espérer et redouter à la fois, on le ressent crescendo jusqu’à la belle dernière phrase.
Merci Isabelle
Quelque chose d’animal dans cette attente à la fois souhaitée et redoutée. Chouette progression du texte
J’ai relu le texte, intriguée par votre commentaire, et vous avez raison il y a là quelque chose d’animal, d’instinctif… Merci pour la visite Perle