La maison, rue du Peyrard, portait en haut de ses murs, un petit jardin en terrasse, un carré de pelouse. En son centre, un saule pleurait. Combien de larmes ?
Son ombre formait un cercle, ses branches un abri, peut-être. Je ne sais pas qui l’a planté. Qui a voulu lui donner cette place étriquée et inconfortable, le contenir dans ces murs étroits. Il pleurait pour ceux qui ne le pouvaient pas. Chaque année ses ramures étaient taillées, au commencement de l’été. Dans ce jardin, petit, le chagrin se devait de l’être aussi.
Je me représente les choses. Un saule pleurant seul – Et moi, entourée de marguerites, jouant sous l’arbre, sans imaginer ses racines – Sa part de silence – comme oubliée.
Je voyais son tronc autour duquel je tournais avec une brouette. Les petites mousses que j’arrachais à ses pieds. Peut-être les lignes d’une main, les miennes sur son écorce l’entourent. Il écoutait l’eau de la fontaine sans pouvoir y boire. Je dirai qu’il n’était pas vieux. Une quinzaine d’années tout au plus.
Maintenant, que le saule est mort, le jardin ne paraît pas plus grand. Les marguerites aussi ont disparu. Reste les jouets d’enfants. L’eau de la fontaine.