La balle est encore suspendue joyeusement dans le ciel que le nez éclate de douleur. Deux têtes étaient trop proches et la nuque de l’une vient de faire éclater le nez de l’autre. Aussitôt les yeux se ferment, il semble n’y avoir de place sur toute la tête que pour ce nez qui irradie comme un champignon. Comme si on était juste après la bombe. Et pourtant, les oreilles sont encore là, on dirait que les oreilles cherchent, les yeux étant fermés, le nez étant hors de proportion pour sentir quoi que ce soit… Et les oreilles trouvent une parole moqueuse qui vient de derrière, une parole moqueuse qui les vrille et vrille à partir d’elle en profondeur.
Retournement. Les yeux se rouvrent, un voile de sang travestit l’aire de jeu qu’il y avait jusque là. Un voile de sang mais des silhouettes quand même. Une silhouette, qui est la source de la moquerie qui dure, de la moquerie qui vrille. Deux pas un peu titubant sans doute et la moquerie baisse de volume peut-être mais les oreilles n’en sont plus à ça près. La jambe qui aurait dû être là pour la balle joyeuse se détend vers un dos. Rien de mou au bas de ce dos au moment où le pied l’atteint. Un choc sec. La moquerie s’arrête. Deux secondes peut-être où ça titube de part et d’autre. Un poing est lancé, rencontre l’œil et le nez à la fois. Même pas plus mal. Mais toute parole vive s’arrête instantanément. Tout s’arrête d’ailleurs. Les coups ont été échangés. On dirait que le compte est bon, tout s’arrête d’un coup après l’autre. Demain pourtant, il n’y aura pas de décompte. Juste le souvenir d’une balle suspendue et de deux têtes dont la nuque de l’une a blessé en même temps le nez et l’œil de l’autre.
oui ce n’était rien.. Vraiment ?
on le dira et on retournera sur le terrain, avec peut-être des moments où faudrzi forcer un souvenir du corps
Un ballet, la violence comme un ballet sans que pointe la matière de l’agressivité. Bel exercice, étonnamment aérien. Merci.
Magnifique voltige (certes cabossée) !
D’un rendu aérien effectivement (d’un charme pour moi irrésistible donc)
Magie du texte qui, de ne (presque) plus rien en dire (mais qu’en dire ?), tient la balle tout le temps de sa lecture suspendue