J’ai accepté de m’allonger sur cette literie défoncée et peut-être même colonisée de la pension du Havre, petite nuit, oui à peine plus rassurée que si je dormais dehors, les voix de la rue ou d’à côté ? vite l’aube, prête à tout que j’étais pour rester à la mer une journée supplémentaire.
Le froid mortifère de la souillure de mon lit nuit après nuit qui ne me réveille que si je bouge. Je ne me réveillerai pas, Blobfish des profondeurs, je suis rentrée en moi pour que la peur ne me prenne pas.
Sensation de sarcophage que ce creux des oncles et tantes du côté maternel duquel je ne pouvais pas m’extirper, petite, une fois couverte de l’édredon, trois fois plus grand que moi. Garantie pour mamie que je ne me lèverai que si elle venait.
Le «couplet/confort» du lit de camp et sac de couchage sentant juste ce qu’il faut le renfermé, pour donner à tous ces campings différents chaque année, la même allure répertoriée de camp d’entrainement militaire.
Ce soir-là, épuisés d’avoir jouer à tout, fatigués d’attendre la fin de ce repas toujours interminable chez le parrain de ma mère, nous avons convenu sans un mot, de dormir. Emmanuel, le fils de la maison et moi, recroquevillée petite dans ces bras d’ado, encastrée, comme sur lui, dans son lit déjà trop petit ; une fois puis à chaque fois, longtemps.
Assimilation à la culture de mon mari, quand tous décident de la fin du jour, nous déployons couvertures matelas fait main et coussins dans une organisation de puzzle ou de Tétris d’humains de cette pièce à vivre et à dormir bien.
L’art du poids mort dans le lit des parents consistant à faire semblant de dormir juste avant le générique de fin ; illusion d’abandon malgré le contact rêche des bouloches des draps synthétiques, pour que papa me porte encore une fois dans mon lit froid.
Ce complexe de classe qui m’empêche encore maintenant, selon les endroits, d’ouvrir le lit en grand, et je me sens coincée dans un lit porte feuille, qui ne l’est pas, et je me vois, me glisser dans les draps, semblant que je n’y suis pas.
Le clic-clac de ma Tata de Paris, son vieux complice d’aventures, passé du studio à l’appart, dans lequel je ne pouvais pas trouver le repos, tellement raccord avec cette ville impraticable et malmenante qui m’empêchait de dormir et me fatiguait encore plus que le clic-clac de ma Tata de Paris.
C’était avec le ter, quitter la maison, une joie que ce cheminement, le temps du déplacement volé à ceux qui tiennent le quotidien, je rompais ce train-train, je partais. Accueillie par ce fauteuil qui était mien, bulle d’abandon regard au loin, je me détendais me laissais faire et m’endormais bercée par le ronronement du ver de terre en fer, tapis volant roulant, m’offrant sas pour me prendre en main.
belle densité, et ce jeu chaque fois d’entrer dans l’enfance comme dans la chambre d’à côté…
Ah merci, François. Ça va tellement vite avec vous, ce matin je voulais reprendre le brouillon quand j’ai vu le post #2. C’était un petit peu la panique .
Hâte de vous rencontrer au zoom de ce soir.
Il y a là-dedans, dans ces chambres un véritable art de (sur)vivre.