Au milieu du dix-neuvième siècle, ce terme ne désigne que la région d’Italie septentrionale, commandée par Turin, ainsi nommée en raison de sa position « au pied des monts ». Son nom se trouve, tout naturellement, formé de « pied et de mont » semblant tiré du mot italien piemonte et comme si, déjà, le patronyme lui-même hésitait entre deux notions s’opposant : montagne et …non-montagne… Le pays, nous renseigne tel dictionnaire, est « au pied d’un édifice montagneux, la plaine alluviale s’étale en un glacis continu, de pente assez forte, formé de cônes de déjection soudés les uns aux autres ». Il est, pour d’autres sources et plus laconiquement « un espace de plaine situé au pied d’une montagne ». Mais sa dénomination peut fort bien se rencontrer dans une toute autre nation, ou région, pourvu que ce pays, cette région, se rangent sous la description plutôt vague d’une « province basse située au contact d’un massif montagneux, mais différant des plaines proprement dites par son organisation »… Dans tous les cas, on envisage ici une zone qui peut être qualifiée de plaine, mais qui reste au contact de la montagne. Et, évoquant le massif, une sorte de déception se manifeste à travers les termes choisis pour le caractériser, car, au-delà du lieu commun de l’altitude et de la pente, on s’accorde à reconnaître que « les définitions sont multiples, contradictoires » et que la « notion semble malaisée à fixer ». En effet, le moindre relief de quelques dizaines de mètres de hauteur peut avoir son « piémont ». Savants et géographes avancent dans leurs études en contournant ces termes et abordent ces régions par des synonymes, tels que « contreforts », « premières marches », « avant-pays » ou encore « front de chaîne », « pré-lisière » et dans ce cas, force est de constater, là encore, que le manque de précision linguistique ne permet toujours pas d’admission évidente dans une catégorie spécifique. Tout comme certains espaces périurbains de plus en plus fréquemment rencontrés aux abords de nos villes et qui ne sont ni citadins ni ruraux, devenant des « tiers espaces », « interstices spatiaux » car ils n’entrent dans aucune des caractéristiques des lieux les entourant et il n’est pas non plus question de les qualifier de « bordures », le terme imposant une limite franche. À noter toutefois que le mot de frontière dans son acception historique, pourrait peut-être résoudre ce problème de nomenclature : en 1213, il est pris au sens de « front d’une armée » « place fortifiée », le sens moderne datant du quatorzième siècle, issu de l’adjectif « frontier » signifie : qui fait face à, qui est voisin de… De cette hésitation du paysage lui-même à se qualifier, à s’identifier clairement, une fois pour toutes rangé sous la bannière d’un seul lieu reconnaissable — on le découvre même comme un simple nom commun, marqué, qui plus est, de la forme d’un pluriel : les piémonts — émergent avec peine les figures mises en scène dans le prologue : les personnalités, leurs actions, leurs décisions, vont s’en trouver contaminées .…
J’aime ce pas de côté. Il appelle une composition très libre. Une cohabitation de styles.
Merci beaucoup Emmanuelle, pour cet encouragement à poursuivre.
Oui, poursuis! On voyage avec ce texte qui possède ce côté géographie qui me plaît bien, et cette photo qui donne envie de réviser sa petite Italie.
Merci Claire. Reste à construire ce début d’aventure…