Une grande corbeille d’osier en forme de marmite avec couvercle ayant eu la capacité de recueillir lors de chaque déménagement des séries de carnets hétéroclites éparpillés à l’origine dans des endroits singuliers. Aujourd’hui la corbeille stabilisée pour un temps non défini est pleine et s’interroge sur ce qu’il adviendra lors du prochain chamboulement. Ouverture un brin indiscrète décidée à cette heure, le surgissement bruyant de chutes n’est pas exclu chez ces petits ces grands ces sombres ces bariolés ces souples ces rigides ces élastiqués, tous rangés dérangés soustraits oubliés égarés adulés retrouvés empoussiérés, mais tellement présents tout à coup. Soyons précise trois tailles à déclarer : des carnets de notes A5, lignés, des A4 à couverture rigide et lignés, des carnets de poche A6 à ouverture souple en majorité à petits carreaux. Bien apprécier lorsque le papier pas trop fin a une couleur blanc chamois, c’est bien meilleur pour la lisibilité même si ce qui est écrit à la hâte manque de lisibilité propre.
Pour poursuivre dans la précision. Trois séries dominent. Une a rejoint avec humilité en pensée les usages de Van Gogh Picasso Hemingway, Chatwin avec les carnets Moleskine de taille et de couleur différentes, une s’est installée dans les Clairefontaine et enfin la troisième a fait des économies avec Idena, une des copieuses de Moleskine—la pochette soufflet par exemple est présente par contre l’élastique se relâche très vite. Sous le tas les compagnons d’écriture stylos en tous genres longs petits fins dodus dorés argentés plumes fines épaisses à piston à cartouches, un vrai bataillon d’écriture. Tenter une ouverture au hasard découvrir des mots isolés des phrases citations recopiées des dessins gribouillés des taches mémoires de boissons vins café thé. Prendre un bleu moleskine soft cover et non ligné garde page noir, et toujours la pochette soufflet, tomber sur deux lignes en écriture soignée, « À chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir ». René Char, Feuillets d’Hypnos. SILENCE.
Revenir et constater trois usages principaux, les organisés, par exemple les carnets attachés aux ateliers Tiers Livre depuis 2018 puis les carnets d’idées brouillonantes, fulgurantes parfois, explosives, timorées, conformistes, à balayer. Souvent accompagnées de dessins réalisés au feutre à pointe large, entourés de mots. Ou bien de nombreuses cartes mentales, heuristiques qui témoignent de la lente recherche, d’ailleurs quelques tâches témoignent peut-être de gouttes de sueur !!! enfin les carnets de citations, de références, livres à lire, musiques à écouter, films à voir. Trésor de mots, repère d’Ali Baba. Élucider la question de la destination particulière en fonction de la souplesse, de la rigidité des couvertures et des lignés, square ou non lignés. La couleur ne paraît pas intervenir par contre les lignes les carreaux semblent destinés aux activités plus élaborées, répondant à des consignes, tels les ateliers d’écriture ou tout autre projet d’écriture. Les autres relèvent davantage du spontané, de la rapidité du pris sur le vif pour les petits carnets de poche ou de la collection de citations et de références. Les carnets agrémentés de pochettes à soufflet contiennent des photos et des mots découpés lorsque la police paraissait intéressante.
Les isolés, les moins nombreux, carnets vides, un carnet de recettes un petit herbier un particulièrement beau avec un dessin d’oiseau fantastique gravé en relief sur la couverture, vierge, en attente de merveilles alors simplement le regarder et rêver sur sa destination. Un isolé vierge, le carnet de voyage Rome de Moleskine : plusieurs voyages inoubliables à Rome mais carnet Moleskine acheté plus tard, format 14×9 il est tout neuf en attente du prochain séjour, belle organisation page de données personnelles plan de métro liste de stations liste de tous les transports possibles avec leurs coordonnées une page des choses à faire avant de partir horaires de voyages mesures et conversions mesures internationales plan réparti sur douze pages recto verso index des rues 30 pages pour des notes et des pensées idées découpage avec icônes : 4 pages pour lieux légendes 4 pour bars récits, 4 pour lieux rêves aventures 4 pour rencontres noms, intérêt 4 pour infos art shopping 4 pour livres films musique puis une série de pages avec des onglets vierges à remplir avec des étiquettes soigneusement placées dans la pochette soufflet — enfants gestes événements expositions sports musées galeries, à éviter, web, marchés, mots, voir autour, musts, divers — et des étiquettes vierges, avant la pochette 7 feuillets transparents pour dessiner son itinéraire ou quoi que ce soit et deux marque-pages. Un art pour donner des idées tout en laissant un espace libre d’improvisation.
Exercice
Disposer au hasard les carnets sur une surface plane considérer d’abord leur aspect extérieur — immense patchwork, habit d’Arlequin inspirant puis scruter les intérieurs — choisir une page au hasard pour chacun des carnets, en retirer quelque chose, agiter tout le contenu recueilli et attendre. Se dessinera un labyrinthe complexe à parcourir et l’énergie l’imagination à trouver pour découvrir le fil conduisant à la sortie.
On ne saura jamais pourquoi – enfin mais précisément – pourquoi les voyages à Rome sont inoubliables…
Effectivement Piero, difficile d’en trouver les raisons.
une en tout cas que j’ai envie d’évoquer : l’émotion ressentie en prenant un repas dans le restaurant que Pasolini appréciait beaucoup la taverne Pommidoro Piazza dei Sanniti.
j’adorerais feuilleter l’herbier
et puis la petite recette miracle pour finir… délicieuse…
une recette de clafoutis aux cerises, à déguster à l’ombre de mon vieux tilleul au mois de mai