De Hans Traxler : que le fantastique se provoque facilement et qu’un « voyage au bout de l’éponge » permet de faire le tour de monde de tant de façons originales
De José Mauro de Vasconcelos (Mon bel oranger) : qu’il n’y a pas d’âge pour être confronté à l’horreur et à la violence de ce monde et qu’un livre peut vous hanter longtemps… et que je fermerai les yeux et m’arrêterai parfois à chaque fois que je sens arriver une situation horrible dans un livre ou un film, pour me préparer à l’affronter… ce n’est pas parce que tout ça est une fiction que les émotions ne sont pas réelles…
De Molière : le rythme, le rire, la critique induite sur les comportements, les personnages hauts en couleurs, et le sens de la formule… « qu’allait-il faire dans cette galère… ».. et toute la modernité d’un texte « ancien » repris encore et toujours de toutes les façons possibles
D’Agatha Christie : le plaisir de lire, chopée que j’ai été par mon intrusion dans la bibliothèque familiale, attrapant le premier livre à portée de mes yeux.. « Dix petits nègres » et le moteur était lancé, je ne me suis plus jamais arrêtée de lire après… et mon goût pour les énigmes et les enquêtes ne s’est jamais tari… Ah oui, et puis le talent : à part pour le Crime de l’Orient Express, je peux relire les autres et me refaire prendre au piège et ne jamais retrouver l’assassin même si j’ai déjà lu plein de fois le bouquin !
D’Exbrayat : le fait que l’humour et le policier pouvaient se marier
(Les San Antonio de Frédéric Dard arriveront bien plus tard…)
(et vous pouvez ajouter Sir Conan Doyle, John Le Carré, Tom Clancy, Ian Fleming, les « policiers » ayant mené aux espions… il y a aussi tout un pan consacré aux serial-killer mais on en reparlera à un autre moment 😉 )
De Salinger : monter dans les arbres, regarder vers le ciel, changer de point de vue, traverser la ville et s’en emparer, aller où son cœur nous emporte – New-York & Central Park
De Freud : se poser des questions surtout sur ses rêves, tout ramener à l’enfance et au sexe, je n’ai plus jamais vu une feuille de laitue pareille
De Goldman : raconter une histoire en trois minutes avec un solo de saxo, de guitare ou de violon, pour nous donner le temps de réfléchir, partir de soi et ouvrir sur l’universel, partir du monde et revenir à soi
De Musset : qu’un bon (h)auteur peut-être grave et léger
De Shakespeare : de l’importance de la première réplique « Something is rotten in the state of Denmark », que l’on peut expatrier une situation pour mieux la traiter, que le fantastique est partout, superposé à notre réalité… j’aime autant Hamlet que Le Songe d’une nuit d’été… “All the world’s a stage,/ And all the men and women merely players.”
« De l’écriture » de Francis Scott Fitzgerald : que c’était bien mon élément, avant de découvrir Gatsby
D’Oscar Wilde (comme de Pascal) : qu’une bonne « pensée » vaut bien de longs discours
De Gibran : qu’un livre (Le Prophète) peut vous impressionner tellement fort qu’il vous accompagne toujours et encore
De Coehlo : que j’étais un « Guerrier de la Lumière » et je trouve ça terriblement stylé
D’Irving : que les ours sont des compagnons de voyage comme les autres, qu’un personnage peut traverser son époque et l’éclairer d’un jour nouveau, que le ridicule ne tue pas, que l’inattendu choque mais faire rire – même nerveusement, et qu’on ne l’oublie pas… (Le Monde selon Garp mais pas que)
D’Auster : il y a toujours à dire sur les coïncidences ; que le protagoniste peut porter votre nom et n’être pourtant pas vous ; que l’absurde, le surréalisme, permettent de faire basculer son protagoniste sur un simple coup de fil ; qu’il y a des livres qui vous construisent comme l’histoire qu’il raconte a construit le personnage central ; que le style est une joli signature qui parfois peut vous enfermer, et qu’il faut donc aussi savoir se réinventer ; que la forme du récit est libre et que l’on peut se soustraire aux canons plus ou moins imposés… J’ai arrêté de le lire il y a un moment et je suis tombée sur « Une vie dans les mots », conversation avec I. B. Siegumfeldt dans lequel il échange sur ses choix, ses errances, ses errements, les « temps » dans lesquels il a écrit ses différents textes, les « correspondances » entre sa vie et son œuvre, sa démarche d’auteur depuis des décennies, tout y est passionnant : « (…) le livre devient une collaboration entre l’écrivain et le lecteur et chaque livre, est, en quelque sorte, un livre différent pour chaque personne qui le lit. »
De Ligny : que la science-fiction n’est qu’une lecture de notre présent, une projection dont les ferments sont déjà là plus ou moins en gestation ; qu’imaginer, inventer est nécessaire pour « éveiller » les esprits de ses lecteurs mais que même si ça ne marche pas, on aura fait une œuvre…
D’Asimov : en quelques mots être transporté ailleurs, dans un univers qui n’existe pas (encore ?) ; donner des sentiments à des circuits et du métal peut être très réconfortant ou dérangeant et qu’on a pas encore tranché la question ; qu’un auteur est aussi parfois un médiateur qui met son savoir à portée de ses lecteurs d’une façon détournée, ludique, romancée,… qu’un texte de commande peut devenir une œuvre majeure à travers des générations…
De Pennac (la saga Malaussène) : le burlesque au service du sens, l’improbable comme réalité, les personnages brossés « au poil » ; être accompagné par un personnage tout au long de sa vie et continuer à raconter sa vie imaginaire ; que la magie et le fantastique sont déjà là dans notre quotidien en apparence si désolant…
De Benacquista : la truculence du verbe ; transformer une expérience vécu en un super roman ; inventer des histoires tellement déjantées que même Hollywood s’y intéresse ; et puis après toutes ces histoires de mafia, de saga, … être capable de sortir un des plus beaux livres sur l’amour… et être emporté en se disant que nous portons tous des livres que personnes d’autres que nous n’écrira…
De Pierre Gripari (Contes de la rue Broca) : que l’on peut raconter aux enfants des histoires qui font peur, qu’on peut faire parler une paire de chaussures qui devient un couple amoureux, que les sorcières sont une source inépuisable d’imaginaire, finalement qu’on est libre d’inventer toutes les histoires que l’on veut…
De Bradbury : que les Martiens ne ressemblent pas du tout à ce qu’on croit, et qu’ils nous ressemblent finalement tant… et que même sur Mars, un humain/terrien e-i-mporte ses travers avec lui et ne fait que reproduire les mêmes erreurs…
D’Orwell : créer un monde avec des mots, créer des mots pour parler de ce monde, pour lui donner plus de réalité,
De Camus (L’étranger) : l’enchaînement implacable une fois que l’engrenage est lancé
D’Hugo (Le dernier jour d’un condamné) : j’ai lu les 2 livres à peu près en même temps et je les ai trouvé d’une certaine façon « frères »
De Sartre : La Nausée va dans ce prolongement même si je ne l’ai pas lu en même temps..
Ces 3 livres m’ont apporté l’idée que le protagoniste peut « transporter » vos humeurs et vos combats… mais aussi tout cela parle beaucoup de la profonde solitude que chacun ressent quand personne d’autre ne comprends ce qu’il ressent, et que l’on peut parler de ça
D’Isaac Bashevis Singer : comment transposer/transporter les contes ‘hassidiques dans la modernité, la rencontre de la tradition et d’un « autre monde », le travail de langue, des images, et que l’on fasse partie du cercle ou non, on peut aimer ces personnages hauts en couleurs… et puis que finalement Mylène Farmer a tout pomper à Yentl 😉
Des Sœurs Bronteï : les paysages et la place que l’endroit peut prendre au même titre qu’un personnage, que les histoires d’amour peuvent finir mal et que ça peut être tout aussi bouleversant, beau, magnifique (et finalement plus proche de la vérité)…
De Carlos Ruiz Zafòn (L’ombre du vent) : l’importance des livres au point de centrer une histoire autour d’eux physiquement c’est quelque chose que j’ai retrouvé plus récemment dans la voleuse de livres, mais aussi dans d’autres livres qui en font le centre de leur action…
D’Yves Simon : la poésie, l’écriture musicale, en le lisant je me suis finalement dit que mon style pouvait trouver sa place : avant de le lire je trouvais que je ne m’exprimais pas « comme un auteur » et là j’ai trouvé quelqu’un qui avait le même genre de « mode opératoire »… j’ai trouvé ça rassurant…
De Philippe Soupault : je me souviens de son nom et je sais qu’il m’a marquée petite mais je ne saurais dire pourquoi
Et pour « partir en liv(r)e » : https://www.tierslivre.net/ateliers/accu-e-mulations/
Toutes les sensations vives ici retrouvées… remous densité références qui font sourire en lisant redécouvrant de l’intérieur… merci vif pour ce beau brassage ! Et quelle belle photographie… Athènes et les Bacchantes d’Euripide au coeur !
Je suis heureuse de t’avoir fait ressentir et sourire ! Merci pour ce retour flatteur !
Merci pour avoir si bien décrit ce que j’ai ressenti en lisant Mon Bel Oranger. Oui, quand on rencontre des personnages en chair et en os, tout ce qui les atteint fait ricochet sur nous-mêmes et nous transforme.
Merci Helena !
Rétroliens : Les petits « hasards » de la vie #4 – YLSème