Le fait qu’elle semblait avoir toute sa tête. Le fait qu’elle était belle. Le fait que sur ses mains ridées, se dessinaient les fresques de sa vie. Le fait que le chemin des écoliers était bien trop long, et que ses sabots lui déchiraient les pieds. Le fait qu’elle aimait la chanson française, et que je l’aime autant qu’elle. Le fait que les roses blanches de Berthe Sylva, sont devenues fanées avec le temps. Le fait qu’elle aimait son mari. Le fait qu’elle n’ait jamais menti. Le fait que la vie soit trop longue. Le fait que sa gentillesse n’est pas, et ne sera jamais, la même que la vôtre. Le fait qu’elle aimait le Dimanche, certainement plus que n’importe quel jour. Le fait que ses yeux étaient toujours trop gros sous ses lunettes rondes. Le fait qu’elle n’entendait rien, et le fait qu’il faille lui répéter trois fois la même chose, inévitablement. Le fait qu’elle pleurait toujours en évoquant le souvenir de ses parents. Le fait qu’elle s’asseyait toujours de la même manière sur son grand fauteuil ou sur sa petite chaise. Le fait qu’elle dormait sur le dos. Le fait qu’elle s’étonnait encore de la neige lorsqu’elle accourt soudainement en novembre. Le fait que les rayons du soleil lui faisaient mal à la tête. Le fait que je ne l’aie jamais entendu dire « je t’aime », mais le fait est, que moi, je l’aime. Le fait qu’elle m’eut promis, bien trop tard, une balade en forêt. Le fait que ses rires étaient les plus beaux du monde. Le fait qu’elle aimerait ressentir ce Monde. Le fait que je ne la connaisse pas si bien, mais que je me complais dans le fait de penser à elle. Le fait que Noël était certainement l’une de ses fêtes préférées. Le fait qu’elle était trop nostalgique me donnait envie de l’être avec elle. Le fait qu’elle portait de jolies robes bleues. Le fait qu’elle aimait bien trop les champs, les vaches, les siennes. Le fait que sa maison était bien trop grande pour elle toute seule. Le fait qu’elle aimait son jardin, et que la façon de s’en occuper lui procurait un plaisir immense. Le fait qu’elle pleurait trop, mais souriait beaucoup. Le fait qu’elle était fière de moi, de nous, je crois. Le fait qu’elle adorait lire mais qu’elle ne le put plus. Le fait que je n’ai pas pu parler avec elle autant que je le veuille. Le fait que, sur son lit, ce n’étaient pas les bouquets de fleurs qui la recouvraient, mais tous nos plus beaux mots pour elle, des mots qui pleurent parfois. Le fait qu’elle ne me dise jamais « au revoir » mais toujours « adieu ». Le fait qu’il faille lui dire Adieu.