Un train à grande vitesse d’où la vue dit la vitre est atteignable, le store baissé pour la lumière. L’arrivée se devine, le ciel gris même l’été, parce que le gasoil, parce que la fumée, parce que la ville s’échappe par le ciel. Un tunnel d’humains se déplacent vers le même endroit piétinent fument fatiguent des bagages lourds lassent des sourires parfois au bout du quai une main levée l’attente de l’aimé enfant, parent, paire absente. Le quai gris annonce le gris permanent, rien ne chasse le béton même les pigeons sont gris, même les peaux qui à défaut de fumer avalent la pollution. La perspective de la culture se dessine dans le gris, les tableaux, les expos, les grands écrans, tout rendu accessible mais le gris et les finances qui s’échappent parce que même les balançoires sont payantes dans les parcs, les bancs sont condamnés pour éviter les intrus qui n’ont pas de maison, l’eau n’est pas accessible, il faut payer, le parking, la consigne, les transports, reste les pieds s’ils ne sont pas trop fatigués. L’arrivée pour certains puis taxi pour moi le métro, je passe du gris au gris profond sous la terre l’odeur assaille, ça brasse et puis toujours ces hommes sols, ces hommes boules, ces familles mains tendues aux enfants à l’œil bas aux joues sales. Des gobelets en cartons parce que le plastique pollue, des gobelets tendus pour au-delà survie. La ville et ces appartements vides de trop de richesses pendant que sur des bouches d’aérations se réchauffent des corps en manque de tout. L’odeur trop forte m’empêche de prendre en bras mais j’aimerais. En ville la honte colle mains c’est poisseux de ce qu’on voudrait autrement, je voyage dans ma ville d’enfant et peut être me reviens les interrogations de mes filles qui rebondissent d’innocence _pourquoi il dort au sol le monsieur ?_Le voyage pleins les yeux de vie avant de retrouver le blanc de l’hôpital trop fort trop lâche trop tendu, la confiance perdue de l’enfance qui questionne ne trouve pas de réponses et en grandissant abandonne se satisfait du _c’est comme ça_projeté aux coins de rue. La ville n’est plus familière à celui qui n’habite plus mais redevient automatisme à celui qui foule. Je voudrais pouvoir m’étendre dans les rues pendant des jours, les pieds en sang d’avoir parcouru, je voudrais pouvoir me moquer de tout donner sans compter ce qui reste je voudrais transformer les hommes sols en hommes libres de ne pas mourir de froid. Dans toutes les villes des hommes sols à débusquer percent mon crâne, si tu ne les vois pas c’est parce que l’enfance piétinée de l’adulte achevé dans les limbes préjudices séculaires.
Ici tu ne vois que ce qui existe de joyeux parce que le voyage signe le repos caché derrière les contrariétés tu vois ce qui se laisse deviner avec aplomb l’absurde déplacement cache les petites et grandes misères. Les enfants ont raison de collés aux basques pour dire tu me dois étranger de me voir de me considérer, moi d’abord avant la plage, avant les palmiers moi qui sombre dans une cahute, moi qui vis en décharge, moi qui foule membres coupés pour la pitié. L’enfant à voir d’abord dans chaque ville du monde tiers. L’arrivée hostile les corps courent la langue les repères sans point d’accroche aux regards. S’orienter en labyrinthe sans issue personne ne s’arrête personne ne voit les corps courent et il panique la terre rouge transformée en gris d’où poussent encadrés les quelques plis verts ordonnés la terre boue pieds nus glacés ici sur le sol piégé détritus verre des morceaux coupent d’abord des chaussures et le froid mord les mains et le nez et les joues et la nuit lumière n’autorise pas le repli. L’arrivée après les vagues après la crainte l’eau froide l’eau engloutit une chute dégonfle les paris, parti seul des corps abandons sur la route des cailloux du sable et puis l’arrivée bétonnée les yeux ne dorment plus à l’affût. Le béton ne repose pas il croyait mais le pays ne veut pas la ville ne veut pas la rue non plus. Un réseau organise le noir occupation quelques euros pour envoi pour le froid les restaurants guident les bouchent souriantes et leurs mains automatisent les assiettes en photocopie ils sont forts et peu coûteux on prend et les bouches rassasiée des corps de rues hostiles ne savent pas que la nourriture a un goût de sang. La responsabilité se délaye pour desappartenir et voilà le corps perdu au gris. Le béton ne sauve pas il habille juste pour ne pas voir ou semblant.
les belles notations comme » ces appartements vides de trop de richesses »
Merci, Jen, c’est très fort et très bien lu, la misère est toujours là .
Je suis embarquée et mettre ces textes en voix leur donne encore plus d’ampleur. Merci !