C’EST COMME POUR UNE SCÉNOGRAPHIE d’opéra au premier plan le cadre en perspective : vitres, pvc et plaques d’aluminium. Derrière, une rue : quelques arbres, des voitures, un banc. Tu y mangerais au Skorpion ?
CE SONT TROIS COULEURS CHAUDES SOUS UN CIEL NEUTRE deux primaire et une secondaire. De l’herbe a poussé en bordure du ballast. Dans l’encadrement des fenêtres le dossier des banquettes est comme l’anse de paniers abandonnés avec les choses qu’on ne voit pas.
CREUSER ET CREUSER creuser encore à l’heure de la grue. Un tas de terre et de pierres entre deux quais. C’est un chantier et le ciel résolument blanc. C’est le chantier de la gare déplacée pour travaux.
Elle a voulu refaire « le voyage du voyage ». Elle est arrivée en car. Elle a cherché la gare. Elle a reconnu le nom mais rien du lieu. Au Skorpion elle a mangé des cornichons aigres doux et bu une bière blanche. Le jeune homme qui s’est approché parlait français.
je me demandais si le Skorpion était un truc qui se mangeait et que mon ignorance m’interdisait de goûter, alors maintenant que j’y suis grâce à elle je leur demande s’ils ont du sirop d’orgeat pour aller avec les corniichons
« De l’herbe a poussé en bordure du ballast. » Merci Nathalie Holt. Il y a des mots qui disent bien plus que les mots. Des mots qui imposent d’obéir à celle qui refait « le voyage du voyage ». A celle qui nous dit de ne pas chercher la gare. Seul le silence alors. Merci Nathalie pour cette force discrète.
Quelle belle idée que celle du lieu qui a disparu tant il a été transformé…
et ce dernier petit paragraphe – totalement nécessaire – venant relier les précédents
bienheureuse de te retrouver, chère Nat
Brigitte ( mon arrière grand-mère mangeait des harengs au sirop d’érable après elle fumait une américaine), Ugo, Françoise merci de vos retours.