Atar en passant…
Nous survolons les paysages de l’Adrar. Derniers moments de la traversée. L’avion tourne au-dessus de l’aéroport d’Atar. Soleil de midi écrasant les ombres sur le tarmac. Sur la ville aussi qui s’étale au sol en un grand jeu de cubes blancs et ocres, maisons carrées aux cours intérieures, voies rectilignes partant loin vers oasis et désert. L’avion se pose, les voyageurs descendent en file sur l’escalier rudimentaire. Le soleil pèse, éblouit, chauffe l’air qui danse. Chapeau, lunettes de soleil, attributs de touristes, indispensables pour qui ne sait pas le climat chaud et aride de la région. File toujours vers l’entrée en arcades du bâtiment blanc. Distribution de papiers qu’il faut remplir, des lignes et des pages, on cherche un crayon, une explication, peur de faire une erreur. La file avance. Rendre les documents, récupérer les sacs, passer l’épreuve de la douane, changer les francs en ouguiyas pour le séjour…combien ? Ça suffira pour la semaine ? Le guide conseille patiemment. Chaleur intense, les ailes du ventilateur tournent et fouettent sans grand effet, bruit, palabres, des mains qui gesticulent. Les minutes s’éternisent. Attendre. Rester groupés. La file nous pousse vers la sortie. De l’air, de l’espace, du soleil blanc, poussière et chaleur. Réapprendre à respirer…
Un autre avion, survolant des pics blancs, des chaînes de montagnes enneigées. Soleil descendant, teintant les panoramas en rose et mauve, puis noyant tout doucement le pays en gris. A l’approche, la ville grandit, prend de l’ampleur, les premières lumières dessinent sa géométrie, le cœur au centre, les tentacules partant en étoiles vers la périphérie, le Danube ruban resplendissant rouge et or au soleil couchant, les dômes cuivrés, les allées bordées de marronniers, les parcs fleuris printaniers s’étalant sous mes yeux et créant un paysage en mouvement. Je dessine mon chemin dans la tête, j’y suis dans mes pensées, enracinée. Retour aux sources.
Devant un 4×4 garé tout au bout du parking nous attend une silhouette en djellaba, tunique bleue ample accompagnant tous les mouvements, un chèche bleu enroulé autour de la tête en turban, le front ébène maculé de taches de sueur bleu indigo. Mohammed nous accueille en français, soulagement pour nous qui ne savons pas l’arabe, qui avons tout à apprendre de ce pays. Ce sera notre chauffeur, puis intendant pendant la marche dans le désert. Traversée de la ville, rapidement, au passage des étals de fruits, des femmes enveloppées entièrement dans des voiles colorés, qui proposent dattes et confitures, des cartons empilés au bord de la route, bassines bleues et casseroles en cuivre, des enfants accostant la voiture, mendiant des cadeaux, de l’argent, empressés, oppressants, le souk n’est pas loin, mais ce n’est pas au programme. Rendez-vous dans une auberge, bungalows en pierre aux toits de chaume en coupole, cheminements en pierre autour de lauriers-roses et de bougainvillées. Thé à la menthe, repas épicé. Nous repartons vers l’est. Tout est bien organisé, pas le temps pour Atar. Peut-être au retour. Traversée d’un plateau caillouteux encadré de montagnes basses noires et rouges, de sentiers ensablés, de gorges étroites, des dunes au loin dans la lumière du soir. Bivouac à Chinguetti cette nuit.