Partir s’installe et dit prépare, des mois, des semaines, des jours et puis la veille un amas d’injonctions vient frapper en insomnie.
La nuit je veille toujours harassée en lutte chaque nouveau jour est un voyage inconnu vers lequel le vivant s’enterre. La peur absorbe les minutes pourtant une voiture pourrait interpeller le souffle d’un claquement de portière arrachée la vie fragile se déploie vaine et le train que tu perçois en wagon bestiaux d’où les morts s’entassent avant même d’arriver gazés le train entraîne l’opération incinératrice de tumeur le train qui porte les accros de bruits des vies dépliées en chacun pour soi le train qui pourrait festoyer rougeoie de rage contenue de n’être pas seul face continent conquérant. Les vivants bruissent de l’absence de partage derrière écran derrière téléphone derrière outil qui aspire les bouches de se dire les joies de l’ici maintenant même les peines sont meilleurs en face mais les jambes trop grandes se contorsionnent pour ne surtout pas toucher l’autre et les masques sur les nez uniformisent attention dit le virus tu risques la mort avant caresse. La nuit je veille et les images de train torturent mes ongles du chocolat salive pour faire passer le nœud du ventre. Les voyages aux abonnés absents redeviennent possibles avec la peur au dos elle pousse à dépenser à jouir l’ici tant pis pour demain mais la nuit revient toujours hanter les manques et grince des dents. La nuit d’avant chaque aube participe à taire l’avenir et le matin de déverrouiller les os craquent et ouvrent la fenêtre dessine au jour.
L’excitation mange les rides la peau ferme de s’envoler bientôt vers le soleil inconnu le sac plein pour camper se laver s’habiller une lampe frontale et des livres toujours des livres. Nelson le grand habite le courage je ne sais rien mais je devine la chaleur l’exotisme d’un monde qui se divise entre les couleurs derrière les barbelés pour conserver l’unité des townships et des villas préparent la ville la plus dangereuse au monde il se chuchote que les affrontements n’ont pas cessé à l’apartheid le mot n éteint pas le feu les couleurs se mélangent sans se comprendre et les cultures d’associer leurs voix pour tirer l’épingle au jeu violent. Un éléphant passe sur la route la nuit dit tu verras les animaux de zoo en liberté mais les hyènes à l’affût autour des grillages de leurs yeux transpercent l’erreur. La nuit la température perdra pied et le jour l’été doux connu. La nuit d’avant est pleine de promesses elle crépite de désir elle suspend le temps d’ici elle s’agite d’au revoir satisfait la nuit d’avant ne trouve pas le sommeil elle se figure le voyage qui pique la curiosité des mois d’avant dans le ventre un feu constant installé la nouveauté brille et les yeux de réfléchir en joie l’Afrique le point culminant la pointe l’Afrique multiple qui ne sera jamais la même d’une frontière à l’autre mais qui souligne de beauté son nom et de cogner en cœur sur les instruments de peau et de se parer de bijou en bois des tresses sur le crâne appartiennent au folklore un peu désuet et cette baignade la nuit ne sait pas encore le corps nu dans les vagues la plage vide le vent violent expurgeant l’eau presque chaude la plage désertée et de sauter dans l’écume pour un souvenir gravé symbole à réitérer sans jamais réussir à reprendre l’intensité. La nuit d’ avant ne sait rien mais se laisse cueillir de soleil de viande grillée et de terre sèche à parcourir les lionnes du van se prélassent elles peuvent prendre en gorge mais ne font rien elles peuvent attaquer les animaux se croyant plus malins elles peuvent mais paresses. L’humain vaut il le coup du déplacement ? Des lionceaux mordillent une oreille et la voiture de s’échapper déçue de ne pas plonger les doigts dans la fourrure rattrapée par ce qui est, le voyage ne façonne pas le corps pas même l’esprit il exécute une ronde folle autour des coutumes pour éviter l’internement. Tu sais les procès maintenant les villas torturés les prisons îles tu sais le rugby devenu symbole réconciliation tu sais les mots du poète que Mandela chuchote la nuit mais celle d’avant tu imagines juste. Tu voudrais replonger en jeunesse pour poursuivre d’autres routes plus méditatives plus tempérées plus liées vivants d’à côté. Goûter à la sagesse mêlée à l’aventureux légèrement inconscient. Tu voudrais que les nuits picorent encore le ventre de préparation. Les projets ne déshabitent pas la vie seulement écorne.
il me faut te relire avant de pouvoir te faire écho
je reviendrai demain…
hier soir, tard, j’ai voulu le lire. Mais je l’ai laissé pour ce matin, seule. Pour « voir ». Lu haute voix, ne pas réfléchir, juste ce qui est sortie de mon corps par ma bouche a bien aimé. J’ai essayé toute la journée d’hier avec d’autres textes, mais ça n’a pas fonctionné, je ré essayerai Piero parce que je sais que. Mais là, celui-là, ce matin, là, marche déjà.
Merci pour elle, cette voix. Que j’essaye aujourd’hui d’écouter marcher.
la nuit d’avant devenue personnage et ça change tout, et le flot des images très près de ce flux de pensée, de ce qu’il se passe dans la tête – et cette phrase qui m’accroche directement :
» le voyage ne façonne pas le corps pas même l’esprit il exécute une ronde folle autour des coutumes pour éviter l’internement. »
c’est vraiment tellement bien et joli aussi (très) de personnaliser les choses et de les faire aller parler vivre enfin… (bravo)