#voyages | Grand Nord

Prologue
À l’est, je suis à Podgorica, la ville-poussière, où les pizzas ont également succombé depuis trois siècles au lobby de l’ananas. Là, à Subotica, la ville-militaire, le train s’arrête à la frontière pour que tous les plastiques soient fouillés, de tristesse en soupir mais où la femme-flic te laisse dormir. Ou est-ce Orašje, la ville-violence, où l’autoroute est encore éclairée la nuit quand toute la vie revient devant les yeux et que le conducteur de l’autocar bas-de-gamme empêche un meurtre sur un parking. Ou Lukavica, ville-timide, à l’hôtel Beograd où l’eau chaude arrive quand elle le peut. Ou bien Beograd, ville-orange, à l’hôtel Lukavica où l’eau chaude fait ce qu’elle veut, avec au moins cinq devises différentes en poche et aucune idée du jour de la semaine où acheter un poulet et du café, à proximité des graffitis contre l’Amérique. Je suis à Budapest, ville-femme, quand ça respirait encore sur les longues avenues, quand le corps-artère n’était pas vicié par la folie des hommes-cravates. Je suis à Ljubljana, ville-trou noir, où je me souviens seulement du goût du sucre raffiné. Je suis à Sarajevo, la ville-ville, où le chauffeur de taxi n’accepte aucun pourboire malgré les freins qui en auraient besoin. Sarajevo, où la brume cache les blessures imbéciles de l’homme-homme. Sarajevo, où je ne suis allé qu’une seule fois. Sarajevo, où je suis resté.

La nuit d’avant
La nuit avant le Grand Nord. La chambre d’hôtel. Le savon emballé dans un sachet de plastique individuel. La moquette à laquelle on est allergique (ça nous vaudra une crise au beau milieu d’un rêve) (alors on prend un cacheton anticipativement) (on ne sait pas ce qu’il y a dedans) (mais on fait confiance) (c’est plus simple de faire confiance que s’embrouiller la tête) (et la notice des médicaments est de toute façon impossible à replier après lecture). Le lit refait à la mi-journée par la femme de ménage exploitée (mère de substitution) et le thermostat (père de remplacement) déréglé par la folie humaine.

La nuit avant le Grand Nord. La chambre d’hôtel. Le livre que l’on lit plutôt que s’octroyer le sommeil réparateur qui conviendrait en pareilles circonstances. Est-ce qu’on l’emportera là où l’on va, ce livre ? Quel compagnon d’encre et de papier vaut le voyage ? Lequel d’entre eux cristallisera parfaitement l’épopée ? Un jour, il se dit, je débuterai un dernier livre dont je n’aurai pas le temps de terminer la lecture. La veille, je lui dirai à demain mais de lendemain il n’y aura pas. Alors, il me semble plus sage de le reposer sur la table de chevet et partir sans lui (de toute façon, la valise est bouclée) (c’est faux). Les agents peuvent traquer les livres auxquels on attache une importance démesurée.

L’arrivée dans la ville
On arrivait à Acanthe (secteur Nord) en train après la succession de trois correspondances laissant le temps de constater la faillite interminable du service public et l’état pitoyable du réseau pour lequel on payait encore des taxes monstrueuses. Pannes moteur, vols de câbles (Mesdames et Messieurs, veuillez excuser ce désagrément, nous régulions le trafic), absence d’air, contrôle au faciès (l’Agence ne connaissait aucun problème de recrutement) (les pénuries sectorielles étaient socialement orchestrées). À la tombée du jour, la brume nous accueillait dans la partie haute, essorés de vivre encore.

On arrivait à Acanthe (secteur Nord) en autocar après un trajet périlleux de huit à dix heures, de nuit, en empruntant des routes défoncées. De stress, à mesure que le chauffeur prenait des risques inconsidérés dans la partie montagneuse (j’imagine qu’un agent de la Travel Company lui tape sur les doigts en cas de retard) (ou l’adrénaline l’empêche de sombrer) (ou il souhaite simplement mourir) nous avions trouvé le sommeil. Au matin, la brume nous accueillait dans la partie basse, un peu plus en vie.

L’impossible retour
… et toujours ils refusaient les pourboires, même en heure de pointe, dans les files-compte-gouttes. La radio diffusait alors des mots agglomérés comme un seul et unique son, seul et unique souffle. Les habitants parlaient une langue codée qui semblait changer chaque jour. Seule et unique langue. Les habitants recevaient une montre-cryptex le jour de leur dix-septième anniversaire. Le pollen volait ce jour-là pour aller se noyer dans le fleuve boueux qu’aucun mot d’amour ne draine. Les habitants cultivaient des algues dans des cubes de plastique gelé. Il fallait identifier les agents en pressant le pas pour ne pas rater le train vers nulle part. À nouveau, le temps refermait le piège sur les nouveau-nés du jour.

… et toujours ils triaient les nouveaux arrivés, ceux aux traits tirés, celles aux peaux tartinées d’algues issues de l’agriculture bio-fossile. S’ouvraient alors des espaces standardisés dont la superficie était proportionnelle aux places injustes occupées par les habitants dans les files du souffle unique. Les agents brouillaient le réseau des communications interpersonnelles et de l’estime de soi par le biais de slogans dénudés. Les habitants subissaient une pression sur le nombre de kilowattheures de bons sentiments produits et consommés en année de pointe. Il fallait prêter allégeance aux perturbateurs endocriniens. À nouveau, la déception m’envahissait tandis que j’ouvrais les yeux sur un plafond de dégoût.

Halte sur la cosmoroute
Par superstition personnelle, on peut être tenté de garer la voiture sur la même place de parking. La plus éloignée de l’entrée du restoroute. Une façon comme une autre d’éviter de prendre une carte de membre dans un club de gym bas de gamme (« Imaginez-vous en mieux »). Passer en revue les plaques (vieux réflexe). Dans le Grand Nord, ne jamais savoir s’il faut payer avant ou après ou pendant. Le même café, le même feuilleté à la viande (si on peut appeler ça de la viande). 

Par superstition personnelle, on peut choisir de garer le parking sur la même voiture. Exploser les vitres du restoroute dans un rêve-bélier. Brûler nos cartes de fidélité et d’infidélité à nous-même (« Crève la planète avant qu’elle ne te crève, bro ! »). C’est moi ou cette voiture nous suit ? Dans le Grand Nord, les agents sont partout. Ils grignotent des pizzas en plastique, ils grignotent des feuilletés à la viande (ça n’a jamais été de la viande), ils grignotent notre temps libre trop souvent confondu avec la notion de liberté. Ils grignotent nos cerveaux. On retrouvera deux gosses morts dans ce qu’ils appelleront l’attentat du restoroute. En vérité, je vous le dis, tout ceci finira mal.

Hommage à Nicolas Bouvier
CAFÉ // Un quartier résidentiel paisible. Toutes les maisons se ressemblent. Des chaises en plastique dépareillées, des tables d’un blanc défraichi et joyeusement bancales. On ne débarrasse que les assiettes vides. Un pays aux mille chiens mais aucun doggy bag. PONT // L’impression qu’il pourrait s’effriter et plonger chiens, humains, pierres et souvenirs dans la rivière glacée dont on a oublié le nom (dans le Grand Nord, toujours ce besoin maladif de nommer les choses). CHEMIN DE TERRE BATTUE // Ce qui est luxe sur les courts de tennis parisiens est ici synonyme de pauvreté. Dans le Grand Nord, Björn Borg est une paire de chaussures de contrefaçon. Ici, on voit les traces de pas, on voit les avancées mêmes minuscules. Ici, on voit. HÔTEL // Les toilettes sont mixtes et peuvent être converties en espace de travail insonorisés (recommandation de l’agence). Distributeurs de savon liquide, faïences suédoises et ajusteurs de cravates. MARCHÉ COUVERT // Une femme menace les touristes avec un couteau et leur aboie à la gueule en sumérien (façon de dire). Les toiles protègent du soleil, de la vie et des espoirs. GARE ROUTIÈRE // On ne sait pas où elle commence et où elle finit. Épaisses fumées d’échappement. Chaleur concentrée des cauchemars écologistes alimentant les rumeurs de destitution des rêves. POSTE FRONTIÈRE // On y croise des poètes royalistes. Des panneaux appelant à la vigilance, à la délation et au régime. Des bureaux de la taille d’un ascenseur immobile. PARKING // Vaste espace de couleur grisâtre. Nids-de-poule dont chacun contiendrait le monde dans de vieux mythes grecs. Tracer les emplacements réservés aux voitures que plus personne ne peut acheter pour rendre hommage aux politiques keynésiennes dictées par Dieu (ou son assistante). STATION-SERVICE // Exactement pareille (à quelques détails près) à la plus proche de votre domicile, sauf que l’essence y est moins chère dans mes souvenirs.

Qui raconte à qui ?
L’ordre doit être maintenu. Où commence le Grand Nord et où finit-il ? L’agent ajuste son borsalino et joint les bouts de ses doigts, formant un triangle sur sa bouche. Qui garde son couvre-chef à l’intérieur des bureaux standardisés est condamné à perdre ses cheveux à plus ou moins long terme (les greffes sont remboursées à 75% par l’Agence – ne pas proposer le remboursement complet est une question de principe). Soyez explicite. Hé bien, avant, les choses étaient ce qu’elles étaient. On voulait s’acheter une table, on allait chez le marchand de tables. On voulait une porte, on allait chez le marchand de portes. Maintenant, les tables sont des portes-tables (ou des tables-portes), les portes se prennent pour des fusées-lave-vaisselle et le marchand n’existe même plus. Ou alors il n’y en a plus qu’un. Il s’est doté d’une majuscule noble. Il est devenu Le Marchand. Les caddies sans début ni fin sont naturellement électroniques et les cartes de fidélité dématérialisées coûtent 15 dirhams arctiques et ont une date d’expiration (au moins, ça c’est honnête). Les villes se remplissent d’espaces vides, de bâtiments dont les murs ne renferment plus rien. On est tristes, on s’emmerde au possible en attendant que la doc-machine vidange nos artères. Au fait, pourquoi poser des questions dont vous avez déjà la réponse ?

Notre proposition est de garder une sorte d’unité. Quel est l’intérêt de vous promener dans ces espaces glacials ? L’agent mordille le bout de l’un de ses nombreux doigts bien manucurés. Je me souviens qu’un homme-machine qui essayait de me refourguer tout un tas de produits bancaires avait les mains pleines d’eczéma. Ce cancrelat prétendait que les salaires allaient augmenter à hauteur de minimum 50 dollars sibériens par mois à mesure que le bureau standardisé me rongerait le foie et toutes les pièces d’origine (j’avais ri) (ce fils de pute n’était pas le lampadaire le plus éclairé de la ruelle). Soyez précis. Hé bien, aujourd’hui, le café se décline en davantage de variations que nos connexions synaptiques (depuis que bon nombre d’entre elles ont fondu devant nos écrans). Je me souviens être tombé amoureux d’une femme (mon téléphone m’assure qu’elle n’était pas un androïde) (fiabilité 89%) au rayon développement personnel d’une librairie. Quand elle prononça par erreur le mot « littérature », le vent se mit à souffler fort et j’ai senti comme une douleur dans la poitrine. La ville n’étant pas bien grande, je n’avais pas jugé important de lui demander son numéro. Depuis, les salaires ont augmenté de 350 dollars sibériens (le panier électronique de la ménagère a néanmoins grimpé de plus 680 dollars dans le même temps) et je ne l’ai plus jamais revue. Je pense que je la cherche, tout simplement. On a fini ? À qui je m’adresse pour valider mon ticket de parking ?

Un tout petit voyage
[ SOUVENIR DE LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ] Frédériqua lisant à voix-haute le manuscrit du mythe de la caverne tel que retranscrit par Platon pour y mettre en exergue les passages faibles (et il y en avait des tas au début) (faut jamais lâcher l’affaire, voilà ce que je crois) // Le bruit du moteur bien entretenu et lubrifié par l’huile LONG-LIFE // C’est écrit avec les pieds // Sans rire, ça me tombe des mains comme jamais (etc, etc) // Sur le bord de la route, des cadavres de chiens rongés par l’opulence // Il en reste toujours quelque chose aujourd’hui [ SOUVENIR DE LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ] Une manifestation d’ouvriers pervertis par la fièvre syndicale sur le dernier rond-point avant la station // Un blindé perd patience, force le passage et emboutit rageusement les barricades de fortune, causant la mort d’un gréviste et en blessant sérieusement deux autres // Coups de klaxon (quand tu ne sais pas quoi faire, klaxonne disait mon père) // Putains de grévistes // Les journaux parleront d’antécédents psychiatriques chez les meneurs et de fausses prescriptions de cachetons de méthylphénidate à haute-dose [ SOUVENIR DE LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ] Un jour de neige, un camion transportant des pneus d’occasion se couche sur le flanc après un virage à droite // Des appels radios rappelant aux agents de la révolution de démarrer en seconde pour éviter de déraper // J’avais dit à John d’y aller mollo sur le schnaps de synthèse // Sacré John (haha) // C’est un virage difficile quand la visibilité est réduite (putain de bordel de John) // Le fossé en rit encore [ SOUVENIR DE LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ] Je venais de faire changer les plaquettes de freins // Ça m’avait coûté un bon paquet de dollars arctiques // Le garagiste voulant se la jouer professionnel (et haut de gamme) avait placé un accroche-rétroviseur rouge spécifiant de ne pas freiner trop brusquement sur les 1.000 premières bornes // J’avais pas roulé 20 minutes que v’là-t-y pas qu’un abruti écolo paradant sur un vélo vintage me coupe la priorité m’obligeant à piler sur les freins // On raconte qu’à ce moment précis un perroquet des neiges voletant par-là a appris un nouveau mot et qu’il était du genre passif-agressif [ SOUVENIR DE LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ] Une journée venteuse // Les éoliennes magiques turbinent vaille que vaille quinze ans après leur obsolescence théorique quand soudain, une pale se détache (personne, non, personne n’aurait pu le prévoir dira l’audit commandité par le conseil d’administration) causant un accident de la route : deux passagers défenestrés alors qu’ils lisaient la Recherche du temps de travail perdu sur leurs smartphones fair-trade en laine de haricot à air comprimé // Paraît que Marcel-Emmanuel Prost-Charcutiez n’utilise pas l’écriture inclusive // Putain de conservateur de merde // En ce temps-là, on ne prenait plus le temps de couvrir les corps avec des draps // On devait brûler toute matière combustible pour créer de la chaleur sur laquelle on serait taxé trois fois et demi si on avait contracté un contrat variable-invariable-plein-de-petits-caractères-disant-tout-et-son-contraire // Le prix à payer pour vivre dans un monde sécurisé // Le prix à payer pour pouvoir continuer à rouler à la recherche de nos vies // Le prix à payer pour espérer que la roue finisse par tourner // (et qu’elle nous écrase enfin) // Seigneur : faites qu’elle nous écrase enfin ! // Seigneur : faites qu’elle nous libère de nos péchés [ C’ÉTAIT DU MOINS CE QU’UN PIC VERT ÉLECTRIQUE AVAIT GRAVÉ SUR LA PALE QUELQUE PART SUR LA ROUTE ALLANT DE LA STATION OUEST À LA STATION NORD ]

Reconstitutions Colomb
Frédériqua devait partir dans le Sud – elle avait fait les démarches auprès du chef de station – il y avait des tonnes de formulaires électroniques qu’Acrobat Reader ne lisait qu’une fois sur deux – et le café montait dans la cafetière italienne (fabriquée en Union soviétique) – il fallait préparer les dollars arctiques sur ce coup-là – et l’Agence était devenue plus tatillonne sur les frais de bouche – il fallait que les plats soient au moins 38% vegan – que les assiettes ne soient pas trop en plastique dans l’ensemble – que les pailles soient en bambou – etc etc – et l’Agence c’était une chose mais la Sécu en était une autre – d’autres formulaires (en papier ceux-là) mais la photocopieuse faisait [ n’importe quoi, tout bonnement n’importe quoi ] – et le monde entier était connecté sur l’algorithme de réservation en ligne – et le prix des billets augmentait de minutes en minutes – et le café s’impatientait sur le gaz liquéfié américain – et l’oncle Sam était serein [ ça oui ] – une erreur d’encodage ou une hésitation trop longue et les dollars arctiques de fondre comme la banquise [ ha ha ] – Frédériqua devait partir dans le Sud – elle en parlait comme [ une nécessité ] [ quelque chose de plus grand ] qu’elle – c’est comme le besoin impérieux de sortir d’un bus alors que le voyage n’est pas terminé – c’est arriver au bureau le matin et courir aux toilettes pour se passer de l’eau sur le visage – on se passe l’eau sur le visage et pourtant [ ça ne suffit pas ] [ qu’est-ce qu’il m’arrive bon sang ] [ reprends-toi ] ça ne suffit pas – il faut sortir – pour respirer – s’engouffrer dans le hall de l’aéroport – avec une rose, des chaussures pas adaptées, toutes les pièces d’identité prouvant que nous sommes bien qui nous sommes, tous les formulaires papier et tous les formulaires électroniques de la terre – dire au revoir et ne pas se retourner – Frédériqua devait partir dans le Sud – la station Nord ne lui disait rien – tout ça c’était [ tracasseries ] impressions que tout conspirait contre elle – et des primes de risque misérables – toutes ces heures passées sur les routes pour tenter de convaincre – pour [ faire pression ] influencer l’opinion en étant toujours parfaite – toujours resplendissante – et [ resplendissante ] Frédériqua l’était toujours – mais le prix à payer était trop élevé – la cafetière italienne avait vu passer trop de café – trop de mots aussi – il y a trop de mots dans la station Nord – tous les canaux sont inondés – les digues communicationnelles ont cédé [ depuis belle lurette ] [ c’est une parole de vieux con mais c’était mieux avant ] [ avant on se parlait ] [ les câbles n’étaient pas instantanés ] – etc etc – Frédériqua devait partir dans le Sud – et c’est ce qu’elle avait fini par faire – un agent de liaison l’avait déposée à l’aéroport – et elle s’était envolée pour la station Sud – avec une rose qu’elle s’était offerte elle-même, des chaussures pas adaptées à la destination, un étui à guitare rempli d’amour de contrebande et une Clark Nova reconditionnée, héritée de notre agent à Tanger – un vieux bonhomme en pardessus gris – presque invisible [ le monde est rempli de Checkpoint Charlie, my dear] – aux dernières nouvelles, Frédériqua sillonne les routes du Sud, encore plus longues que celles du Nord – le cahotement des bus soviétiques battant au rythme de son cœur – travaillant les bribes d’un nouvel alphabet – souriant au son des cafetières italiennes quand elles sont à bout [ language is a virus, darling ]

A propos de Jérémie Tholomé

Poète belge, Jérémie Tholomé écrit principalement des textes pour l’oralité, tous publiés chez maelstrÖm reEvolution.

24 commentaires à propos de “#voyages | Grand Nord”

  1. Merci Jéremie, un plaisir de retrouver ta poésie ici! 🙂 Nous nous sommes croisé a Mater!

  2. Texte dense, envoûtant, au cœur des corps aussi. Il est des villes qui vous happent et l’on n’en revient pas. Salut Jérémie !

  3. envoûtant ce long tunnel où il est impossible de faire demi tour, et aussi suffisamment étrange pour recommencer au tout début
    et redire
    « envoûtant ce long tunnel », et puis n’est il pas si long au fond même si on est « harassés de vivre »…
    contente de te découvrir Jeremie (après le zoom de lundi…)

  4. un peu déroutant la #7 au premier abord
    il m’a fallu entrer dans ce tissage de souvenirs autour du tronçon de route de l’ouest au nord (j’ai vérifié plusieurs fois qu’il s’agissait bien de la même route)
    et il finit par se dégager un contexte étrange fantastique, une projection dans un terrible futur
    (j’ai eu des images de Tarkovski et aussi des bribes de La Route de MacCarthy…)

    • La #7 c’est vraiment le genre de texte que j’ai envie de dire sur scène (sans pour autant respecter ce que j’aurais écrit). Cinq souvenirs distincts remodelés (4 sur la même route, 1 à l’étranger), une bribe de critique sociale et une résultante. J’ai hésité à convoquer des routes différentes. L’atelier permet cette recherche, c’est un super laboratoire. Tarkovski je connais peu mais McCarthy j’ai beaucoup aimé. J’abuse peut-être de ce côté Grand Nord mais ce genre d’image me permet d’unifier les textes et les éléments de texte et je m’y sens bien. Merci d’être passée.