Dans ma respiration le silence n’avait pas d’odeur, les lumières et les bruits de la ville s’estompaient boomerang au milieu de mes pensées, demain je partirais loin si loin vers des émotions inconnues de mon quotidien. Je m’y préparais intensément. Le sommeil s’éloignait de cette chambre où je l’attendais en vain, rêvant, espérant, impatiente et inquiète, les heures neuves du jour vers une destination nommée et pourtant mystérieuse. Le taxi m’avait déposée devant cet hôtel où j’avais réservé une chambre. J’avalais à la hâte les restes du sandwich de mon déjeuner et bus une gorgée d’eau au robinet du lavabo. Il était temps d’ouvrir mon carnet pour rassembler mes premières impressions. .
Elle m’avait dit, quand tu connaîtras la date de ton départ appelle- moi, surtout n’hésite pas, pour une nuit je peux t’héberger. Ce serait idiot que tu ailles à l’hôtel. L’appartement est petit, la chambre est petite, j’étouffe. Le souvenir de notre visite des calanques me tient éveillée, elle voulait me montrer sa région et le marché où elle avait acheté le poisson pour notre repas du soir. Je n’étais pas assez attentive à ce qu’elle me disait des paysages de son quotidien, pourtant tellement beaux, j’aurais voulu la sauter cette nuit d’avant mon départ, je n’arrêtais pas de penser à tous les papiers qu’il faudrait présenter de peur d’en avoir oubliés. L’odeur tenace du poisson frit avait fini par s’infiltrer jusque dans la chambre, je regarde les minutes, puis les heures clignoter à l’affichage de mon réveil, je ferme les yeux, je me remémore les derniers instants gare de Lyon avec tous les habitants de mon cœur, oui on s’écrira… je voudrais y être déjà à l’embarquement. Je revois mes derniers gestes avant de prendre le TGV jusqu’à Marseille là où elle est venue me chercher. N’avais-je rien oublié, et puis les au revoir sur les quais de la gare, ils étaient tous là, oui j’ai bien fermé la maison, et les clefs où ai-je mis les clefs, je me lève, ouvre mon sac regarde dans la petite poche à l’intérieur, ouf elles sont là, je ne devrais plus me tracasser mes bagages sont prêts, elle me conduira aussi sur le port pour l’embarquement, je dois bien prendre le temps de la remercier, oui j’y penserai, tellement de pensées en tête…. Je l’ai connue à Prague, nous avions sympathisé immédiatement, il y avait aussi cet homme que j’appelais l’officier, nous formions un beau trio, les repas, les visites se faisaient en gaieté. Cette fois je pars seule.
l’usage de l’imparfait qui nous plonge dans le récit et nous met en attente de ce qui va s’écrire dans le carnet
et puis (sans doute dans le carnet ?) l’autre épaisseur au temps présent avec la remémoration de cet autre voyage dans le voyage avec un mystérieux officier…
en attente….
Oh tellement merci à vous Françoise. Votre lecture me réconforte..
Oui en attente de la suite…
Ici aussi merci pour votre texte qui m’a bien « embarquée » en voyage de vos nuits d’avant !
J’aime beaucoup. Il y a tant de choses qui s’entrecroisent dans l’inquiétude du départ et l’évocation de souvenirs. Une sensation très vivante. Merci.
Merci Jean-Luc pour votre passage ici. Je vais aller faire un petit voyage vers vous. En ce moment suis un peu en retard de lecture… et de commentaires…