2.
Atterri la nuit à Saragosse — Zaragoza, j’avais honte de te nommer, ma langue était hostile au prononcé du z, sifflant grassement mouillé entre les dents — c’était l’hiver et l’air était doux je l’avais amplement respiré, je le reconnaissais — de retour d’un long voyage ignoré de ma mémoire, alors que cette terre était ô combien étrangère à mes pas, j’y venais pour la première fois, terre de mes anciennes mères, elle portait en elle quelque chose qui fut moi et qui l’était encore, le songe et l’espérance — et j’eus l’envie d’étreindre — trop sages battements de mon cœur, quoi ! j’étais en chemin, Vieille Castille, et nulle joie, nulle extase au bord du trottoir bitumé vaguement éclairé par quelques lampadaires alentour sur lequel j’attendais l’arrivée d’un taxi ? — d’embrasser et seul l’air — léger, paisible, caressant — répondit à mon baiser tandis que la voiture s’arrêtait et me prenait en charge, me déposait à l’hôtel — je ne vis rien de Zaragoza, peut-être les lumières de nuit — elles dédoublent les villes, une face le matin et une face le soir — et seule, allongée dans un lit un peu rude — un pays dans lequel les draps seraient encore amidonnés ? — fenêtre grande ouverte sur le ciel étoilé, j’embrassais encore, dans l’obscur j’embrassais les murs tapissés de la chambre vieillotte, le miroir éteint de l’armoire acajou, les rideaux impalpés, le fauteuil aux bras ronds, j’embrassais la fin et le commencement.
Touchée par votre texte je suis remontée aux deux précédents, à Toulouse, et j’ai beaucoup aimé, la sensibilité, la simplicité, merci
Désolée, désolée, je voulais commenter « Nymiji », vite, tout de suite, juste dire…je ne sais pas ce que je voulais dire, mais je voulais le dire. Mais je n’ai pas trouvé comment, alors je suis venue ici, vite, tout de suite.
Je-???
Probablement quelque chose comme ça.
Et puis je lis ici et je trouve « terre de mes anciennes mères », oui, je reviendrai. Merci, la multi mesc.