Le gardien du phare– Tu as échoué maintenant loin des tiens et de ta patrie, voyageuse égarée, ton passé reste-t-il toujours aussi étranger ? Comment voudrais-tu rentrer aujourd’hui ?
Moi– Partir sur mon vélo
Le gardien du phare– Tu voyages pour rejoindre quoi ? Ce que tu cherches est à l’intérieur ou à l’extérieur de toi ?
Moi– Boucler le circuit dès que possible
Le gardien du phare– Tu préfères circuler dans le temps plutôt que dans l’espace ? Tu sais que les ponts qui coupent le paysage sont une offense faite aux dieux ? Ne crains-tu pas les dieux ?
Moi– Bâtir des ponts dans le paysage. Briser les alignements.
Le gardien du phare– Est-ce que tu regrettes maintenant d’avoir forcé les verrous pour parvenir jusqu’ici ? Est-ce que l’effraction est nécessaire pour changer d’espace ? Ne crains-tu pas de divaguer dans la mémoire ?
Moi– Être aussi libre que les bêtes pacifiques paissant jusqu’à la mer. Refuser les attaches.
Le gardien du phare– Ce voyage d’Escher, il se termine quand ? Comment sortir d’un plan qui échappe à toute tentative d’alignement ?
Moi– Rester en mouvement mais dans l’imperceptible.
Le gardien du phare– Tu préfères avancer hors des chemins balisés ? Pourquoi ne pas essayer de grimper encore plus haut, hors des sentiers ?
Moi– Si le temps est si vertigineux, pourquoi poursuivre encore ?