#voyagse #05 | Avanti !

Viale Giacomo Matteotti
Petit appartement. L’immeuble est dans un renfoncement de la rue assez près de la mer, de la marina. Rideaux de fer devant des vitrines, donnent à ce coin -là un air de désertion, de vie abandonnée. Plus loin, une agence immobilière, un café, un hôtel, hauts murs abritant un parc, une propriété privée luxueuse. Trottoirs étroits bordés de palmiers, leur forme en éventails.

L’escalier
Depuis la Viale Giacomo Matteotti, combien de marches escarpées, cet escalier de pierre, pour descendre jusqu’au bord de mer ? Ruelles fermées avant baie ouverte, sa promenade longue, la marina, nous longeons des bistrots, nous approchons de la gelateria fermée qui nous promettait pourtant la pistache sicilienne et le citron italien.

L’enoteca
Derrière la vitre, les sourires de ceux qui taillent au couteau les jambons rouges avec une précision incertaine mais une grade jovialité. Grande lame aiguisée de nos appétits. Nos verres de vin face à la mer, et les planches, généreuses, gratuites (pour accompagner), débordantes de copeaux de prosciutto et de parmigiano. La vita e buona !

La mer
Grise, frondeuse, provocatrice, nous éclabousserait (ces gouttes reçues dont on ne sait si elles viennent du large ou du ciel), remonte loin sur la jetée. Les vagues la submergent, longues langues qui lèches, avides, derrière des barrières usées, outremer vif écaillé des rambardes que l’on serait tenté de gratter pour mettre le bois à nu.

Dans la ruelle
Celle du restaurant que je ne me rappelle pas, plongée dans l’obscurité, puis ce jaillissement d’une lumière jaune qu’on croyait tapie dans l’ombre et qui surgie au moment où on ne l’attendait pas. La flamme émise à notre passage comme un salut. Ou une promesse.

Le port
D’un côté, les bateaux de pêcheurs (du dimanche?), le relevé des filets, la coque piquée de bouées multicolores. De l’autre, ceux de plaisance, petits voiliers amarrés (leurs mâts tutoient le ciel qui a sorti ses couleurs, bleu et rose layette), et yachts tape-à-l’oeil, high tech et flambant neufs. Au loin des myriades de lumières tombent à l’eau, noire de nuit, dans un scintillement fébrile.


A propos de Perle Vallens

Au cœur d’une Provence d’adoption, Perle Vallens écrit et photographie. Ecrire c’est explorer l’intime et le monde, porter sa voix pour toucher. Publie récits, nouvelles et poésie en revues littéraires et ouvrages collectifs. Lauréate du Prix de la Nouvelle Erotique 2021 (au diable vauvert) et autrice d'un livre de photographie sur l'enfance, Que jeunesse se passe (éd J.Flament), d'un recueil de prose poétique, ceux qui m'aiment (Tarmac), d'un recueil de nouvelles, Faims (Christophe Chomant) et d'un récit poétique et choral, peggy m. aux éditions la place. Touche à tout, pratique encore le caviardage, le cut up (image et/ou son), met en voix (sur soundcloud Perle Vallens ou podcasts poétiques), crée des vidéo-poèmes et montages photo-vidéo (chaîne youtube Perle Vallens)...