Je ne sais pas voyager, me laisser porter par la douce excitation du voyage. Le dépaysement ne m’atteint pas, je ne cherche pas les paysages mais les lieux. Je trébuche d’abord sur les valises, impedimenta, ce qu’on a dans les pieds, embrayeur de l’angoisse (la nuit d’avant déjà). Je boucle ma valise à contrecœur, j’ai peur de ce que je laisse, de la question du besoin, qui se pose, du nécessaire, est-on si fragile ? Je ne sais pas voyager, je voyage très mal (dès la nuit d’avant comme une crainte), d’abord parce que je redoute le temps perdu dans le déplacement, je redoute de me plier aux contraintes du voyage quand il y a contrôle d’identité et barrières de sécurité.
Alors je partirai sans valises et sans calendrier, sans pièce d’identité et sans billets. J’éviterai les gares et les aéroports, les files d’attente et les voyageurs déguisés en touristes accomplis. Je ne passerai pas les machines de scan et de contrôle (je n’enlèverai pas ma ceinture). Je n’aurai pas fait de réservation et je n’aurai pas tracé d’itinéraire. J’attendrai seulement de rejoindre (et peut-être la nuit d’avant déjà), comme le petit valet des Illuminations, le lieu au bout de l’allée où mon front touche le ciel.
oui
Merci Piero de suivre mon voyage (on n’ira pas très loin…).
Oui aussi !