Station 3 de la ligne 8, je descends et m’assieds sur l’autre quai, histoire d’aller vers ailleurs. Un flot de voyageurs – qui ne voyagent pas – envahi l’espace entre les rails et le siège qui m’accueille. Ils marchent vers un escalier tous pressés par le temps, lequel n’a pourtant jamais demandé qu’on lui courre après. Je pense à cette curieuse vitesse qui s’est imposé aux humains depuis la nuit des temps. Cette expression me fascine d’ailleurs, car je n’ai jamais pu imaginer la nuit des temps. Comment les temps passent-ils leur nuit ? Discutent-ils ensemble ? Sont-ils amis ? Le temps d’un soupir accepte-t-il le temps présent ? Le temps des cerises se soucie-t-il du temps qu’il fait ? IL y a des temps qui courent et qui se perdent… Peut-être que l’air du temps suffit à le tuer ? Un peu comme nous en somme.
Je me reprends à observer.
La majorité des gens qui sortent du métro sont des hommes, parfois une femme et quelques enfants. Le flot passé, le calme s’installe pendant 4 minutes. 4 minutes où la pulsation du monde se fait sentir et où la ville respire. 4 minutes qui se suspendent entre expiration et inspiration. Un oiseau s’est posé près de la machine à billets, il tourne nerveusement la tête avant de reprendre son vol. Un vieil homme s’est assis à mes côtés et m’a offert un regard où j’ai senti toute l’intensité de la vie. Plus besoin de partir. Plus besoin de fuir. Juste besoin de respirer. Lentement. Très lentement. Et ne plus bouger.
« …je n’ai jamais pu imaginer la nuit des temps. Comment les temps passent-ils leur nuit ? » j’aime beaucoup, ainsi que le dernier paragraphe et le regard du vieil homme.
Merci à toi d’avoir lu… Et si le ou les temps peut ou peuvent ouvrir bien des idées, alors c’est gagné !
C’est vrai !