Un chêne au bout du chemin, grand, majestueux, qui s’étend dans le ciel entièrement bleu, avec des branches immenses et solides, des feuilles et des oiseaux qui apparaissent minuscules. De loin il est formidable. Puis, j’avance, le ciel se couvre, des nuages gris se forment au-dessus de lui, je me dis, revenons sur nos pas, on continuera la promenade demain. Je repars et avant de quitter le chemin, je me retourne sur le chêne, le ciel est bleu à nouveau. Alors je reprends sa direction, la tête baissée, regardant mes chaussures. Là, stupéfaction, inquiétude peut-être ? Le chêne a été foudroyé, il y a des années, toute à l’heure il n’existait déjà plus.
Enraciné au bout du seul chemin de gravier de la forêt, aussi beau que le plus beau des plus beaux, je me tenais là. Ce jour n’a pas été différent des autres et pourtant ce jour a été si différent de tous les autres. Un homme est venu, il m’a regardé comme si je n’étais jamais devenu cet autre qui a tout perdu, comme si j’étais toujours cet autre qui avait tout. Il a suffit de son regard pour que tout renaisse, pour que je me reconnaisse, grand, majestueux, je m’étends dans le ciel avec mes immenses et solides branches. Il s’est tenu devant moi et il m’a vu, il a suffit de ce regard pour que tout disparaisse.