Son cagibi était le seul endroit en bazar de la maison.
Il y avait de tout. Rien n’avait de logique. La pièce était minuscule et pourtant était entassé un nombre incalculable d’affaires.
Face à la porte, la commode vieillie supportait de nombreux dossiers et toutes sortes de boîtes. Il y avait des boîtes en métal où se trouvaient tout le nécessaire à couture, des boîtes à chaussures remplies de bobines de laine, de toutes petites boîtes qui cachaient des plus petites boîtes qui renfermaient des perles, des rubans et des bijoux, et même une boîte destinée aux emballages cadeaux qu’elle trouvait beaux.
Il y avait une étagère au dessus de la commode. Le premier rayon était une exposition d’échantillons de parfums, des milliers de petites bouteilles de verres de toutes formes et de toutes les couleurs. Sur le deuxième étage s’empilaient de nombreux albums photo dont les tranches étaient griffonnées au crayon papier. On pouvait y lire les dates de créations de ces parties de vie. Un livre débordait de la pile, et laissait entendre qu’il était souvent consulté, il contenait une grande quantité de brochures publicitaires et d’articles en tout genre. À coté de ces albums se trouvait plusieurs vieux tee-shirts usés qu’elle utilisait pour jardiner. Derrière, elle avait déposée des cadres vides et de nombreux bibelots.
Il y avait aussi sa boite à bijoux avec ses bagues, ses bracelets, ses colliers et ses grosses boucles d’oreilles en plastique orange qu’elle ne portait jamais mais qu’elle conservait précieusement.
Elle gardait tout et accumulait tout.
Mon cagibi, mon endroit secret.
Il est l’endroit où je peux mettre tous mes souvenirs, même mes souvenirs les plus cachés. Mes petits enfants viennent souvent jouer ici, dans ce qu’ils appellent « la cabane de mamie », mais ils ne connaissent pas la planque de ma jeunesse, cachée dans une mallette en acier sous le vieux tapis abimé, en dessous d’un morceau de planché. Je décide alors de me replonger dans mon passé tumultueux, et ouvre la boite que j’avais laissée pour oubliée depuis des années. Un frisson de nostalgie me parcours le corps, m’envahit, me fait frissonner. Je revois les lettres de mes amours d’entant, une photo de mes parents, des photos de mon premier mariage, mariage dont personne ne connait l’existence. Mais je ne peux garder cette boite aux milles secrets ouverte trop longtemps, de peur qu’on me surprenne. Ma vie passée m’appartient, à moi et à moi seule, et je ne veux pas que quelqu’un s’empare de mes souvenirs de bonheur.
« Le premier rayon était une exposition d’échantillons de parfums, des milliers de petites bouteilles de verres de toutes formes et de toutes les couleurs. »
Je ne sais pas combien de parfum elle a utilisé dans sa vie, mais son immense collection parlait pour elle. Les flacons étaient tous vides, sans exception. Cependant, lorsque j’ouvrais chacun d’entre eux, un par un, je pouvais encore en découvrir les odeurs. Certaines, étaient vraiment nauséabondes et je me demandais comment ma grand-mère, si adorable et tendre, avait pu les porter. Promptement, je me disais que la décoction avait tourné, et je l’excusais. Un élixir en particulier retenu mon attention, et par le mélange de rose, d’oranger ou encore de magnolia, je me souvenais parfaitement de son visage heureux lors de mon mariage.