( Autre texte qui respecte moins la consigne que le 1er « oh alors si c’est ça »)
Jean étonne : visage long, rectangulaire. Fins cheveux et menton se rejoignent. Concaves. Yeux clairs qui fouinent en permanence et lèvres pincées toujours. En permanence un skate-board blémard plutôt qu’un visage.
En son for intérieur : il peigne ses blonds et fins cheveux avec ses orteils qu’il arrive à crocheter sur le dessus du crâne. Sa pomme d’Adam monte et descend en suivant la cadence de son acrobate de pied. Tel un chat efflanqué, il ronronne. Lorsque l’opération coiffure est terminée, il tresse ces mêmes longs orteils afin de les garder disciplinés.
Jean conduit les ambulances. Peu bavard, il échange rarement avec son co-équipier. Ce métier lui va bien. Sa blouse blanche, un peu moins. Toujours trop large sur son corps émacié. Aujourd’hui, il est seul sur l’autoroute avec un homme allongé à l’arrière. Dans le rétroviseur, de temps en temps, il jette un œil sur la civière. Et il file à toute allure gyrophare allumé vers la ville proche. Il conduit vite et bien. Il aime ça la vitesse. Et puis tout d’un coup, le voilà qui ralentit et se dirige vers une aire de stationnement. Et nous qui le suivons de près, sommes surpris… Contre toute attente, il arrête son véhicule, en sort, ouvre la portière arrière, s’engouffre dans l’habitacle, bascule le patient à terre. Abasourdis, nous le voyons s’allonger sur la couche. Il tourne alors légèrement la tête dans notre direction et nous sourit de ses yeux clairs.
Je vais faire une sieste, rien ne presse plus. Il est mort. Je sais, j’ai l’habitude. Circulez maintenant. Je vais me faire un joint, histoire d’être au top et puis je dormirai un peu. Après j’irai le déposer à l’hôpital. A temps pour les papiers administratifs.
Moi, je m’y retrouve bien dans celui-là, chère Louise.
On suit vraiment le personnage qui nous fixe de ses « yeux clairs ». Et c’est drôle et cocasse, et ça parle de la vie et de la mort. Tout se mêle. Pour finir, la brièveté sert vraiment le récit.
Moi, ça me plaît !!
Merci Françoise. Je vais le relire avec recul.