Lâche les chiens, lâche, lâche
Crache, éructe , maudis
Arrache ta peau blême comme un papier peint couvert de moisissure
Frappe ta bouche
Découpe tes cuisses jusqu’à les vider de tout espoir
Allonge tes bras jusqu’à toucher le crépuscule
Arrache tes ongles aussi délicatement qu’une patte de mouche
Brûle toi les cils les cheveux les sourcils
Crève toi les yeux avec une épingle à nourrice
Tord toi le cou comme un lapin malchanceux
Tranche toi les doigts à la deuxième phalange puis à la première
Glace tes orteils jusqu’à ce qu’ils tombent comme la pluie d’été
Coupe toi les tendons d’Achille pour ne plus jamais courir
Fonce droit devant toi jusqu’aux précipices que chacun porte en secret
Saute dans la boue noire
Vois que tu n’es plus toi
Qu’il ne reste rien de toi
Respire
Lâche les chiens, lâche, lâche -les pour qu’ils te dévorent
C’en est assez des destins brisés, des armes, des balles , des obus, des murs qui tombent en fumée
Ecoute bien, tu n’as pas le droit
Catherine Marchi