Vendredi 11 février – 15h58
Jouer et encore jouer. S’exercer jusqu’à en dépasser un stade psychologique. La musique n’est plus musique mais devient un exercice physique digne d’un boot camp. Et cette musique – celle là – ne peut se révéler qu’en se faisant mal. Et puis cet instructeur, dont l’ombre plane dans tous les recoins de la pièce, et dont le niveau d’exigence se situe à l’exact opposé de sa capacité de compassion, est juste bon à emplafonner. Un sentiment d’amour-haine, une résilience à toute épreuve qui se révèle créatrice d’une musique dépassant les mots.
Il y a cette tour, étrange et attirante, tel un aimant. Elle est située sur une île déserte, où nul humain ne vit. Et pourtant, une équipe d’explorateurs et d’exploratrices y été débarquée il y a peu, afin d’y mener des recherches scientifiques. Très vite, la tour devient une source de préoccupations. Certain.es veulent y entrer, d’autres s’y refusent. Une paire finit par y entrer. Une personne inhale les spores d’une mystérieuse plante. Hallucinations. Semi-folie. Violence. Meurtre. Tout n’est finalement que cyclique, un énième rouage d’une expérience qui se répète.
Mercredi 9 février – 23h30
Immersion dans un Japon traditionnel. Une jeune fille se voit allongée sur le sol. Visiblement, elle est morte. Elle se contemple, sans vie. Deux personne pénètrent dans la maison, offrent de l’argent aux parents de la défunte. Encore tiède, le corps est emporté. Il parcourt un itinéraire de routes sinueuses, sous la pluie, et finit dans un endroit aseptisé. Le corps n’est plus qu’un amas de chair, d’organes et de viscères. Une somme d’éléments monétisables. Elle est dépecée comme serait découpé un quartier de boeuf. Et offerte à celles et ceux qui peuvent se le permettre.
Mardi 8 février – 22h26
Une jeune fille débarque dans un village et ne manifeste nullement ses origines. Elle est recueillie par une famille aisée et se prend d’attirance pour une des filles de cette maison. Une relation intense vient à naître. Elle se muera en quelque chose de malsain, voire dangereux. En effet, sa proie devient fiévreuse, ne supporte plus la lumière du jour, remarque des plaies près de son cou. Tel un vase communiquant, la nouvelle arrivée gagne quant à elle en vitalité au fur et à mesure que les jours passent…
Lundi 7 février – 20h58
Un monde baigné dans la violence, physique et morale. La drogue, l’alcool et le sexe en guise de quotidien. Des repères noyés dans la débauche, aucune bouée de secours pour cette fille de douze ans. Seulement douze ans. Et puis arrive ce qui doit arriver : sa famille se fait décimer. Un règlement de compte. Peu importe, pour elle, tout le monde peut mourir. Mais pas son jeune frère. La rage au ventre, elle sauve de justesse sa vie et trouve refuge chez un voisin, un tueur à gage. Elle lui fait dès lors promettre de venger la mort de son frangin.
On inverse les rôles. Toi, qui as toujours été l’archétype du mal, la figure de l’horreur, l’archétype du sans foi ni loi. Tu rejoins désormais le côté des bons. Et ce, seulement en ingérant quelques pilules. Par effet miroir, le grand justicier noir prend alors instantanément l’allure du mal. Telles les deux parties d’un aimant, l’une chassant toujours l’autre. Tu es tel que tu es car je suis uniquement ce que je suis. Et rien n’est figé dans le marbre. Mais au fond, au-delà des apparences, ce n’est peut-être qu’une et une seule personne ?
Dimanche 6 février – 23h32
C’est une immersion dans une Amérique profonde, quelque part entre la fin des années ’60 et le début des années ’70, où une bande de trois amis prennent du bon temps à enchaîner des strikes sur une piste de bowling. Une amitié entre trois potes, que pourtant tout sépare : l’un se laisse vivre, l’autre est un nostalgique de la guerre du Vietnam. Et puis ce troisième, qui vit par résignation, au rythme des brimades. Par l’absurde et surtout par beaucoup d’humour, grinçant et parfois cynique, l’histoire offre un instantané du pays de l’Oncle Sam, période post-hippie.
Après avoir parcouru au total des milliers de kilomètres pour fuir l’horreur de leur terre natale, deux parents perdent leur fille, au milieu d’une autoroute belge. Une balle dans la tête, tirée par un policier qui avait cru bien faire. Pris en chasse depuis quelques dizaines de kilomètres, il était hors de question – selon lui – que cette fourgonnette pleine à craquer de personnes migrantes puisse rejoindre l’Hexagone. Il faut ensuite maquiller l’assassinat, faire jouer la loi de l’omerta et inventer une histoire pour renverser les torts.
Au milieu d’un petit village se trouve une étrange église, grande, menaçante et pourtant si attirante. Les rues ne permettent pas d’y accéder facilement, tout est fait pour la repousser hors du visible. Et pour cause : personne ne veut plus en entendre parler. Elle abriterait un horrible monstre, niché dans les dédales. Ce dernier s’échapperait par le clocher, dès que la pénombre embrasse totalement les lieux. Un homme tentera d’en percer le mystère, tel une allumette jetée naïvement dans les ténèbres.
Quelque part au milieu d’un bourg chinois, la fille d’un chef de tribu reçoit la visite – qu’elle croît en rêve – d’un étrange personnage vaporeux. Le lendemain matin, quelques bribes de souvenirs érotiques. Et puis c’est la panique : la tâche qui témoignait alors de sa virginité a disparu. Le déshonneur est total. Elle quitte ses terres et part en voyage initiatique, afin de comprendre ce qui a pu lui arriver. Et faire ses armes. Elle finit par revenir, pétrie d’expériences physiques et symboliques, afin d’affronter celui qui lui arraché son innocence.
Elles donnent envie de lire ces compressions. Et puis « Tas de moelles » quel titre !