oubliant le temps j’avais enfin appris à rester des heures entre quatre murs chez moi à garder le regard droit et dur j’espérais en avoir comme fini avec l’ennui et avec ma propre mort ─ un jour que je n’étais pas seul je remarquais une tâche d’humidité sur le mur oh pas bien grande mais elle disparut très vite ─ avec les jours la tache réapparut plus souvent et plus longtemps ─ restait à l’enlever mais comment? Elle bougeait sans arrêt parfois minuscule juste au dessus du sol le matin près de rayons du soleil parfois elle flottait immense et floue au plafond parfois elle restait devant moi toute la soirée pour me narguer ─ un soir je m’approchais elle me laissa la toucher du doigt puis avec un chiffon ─ peine perdue je la retrouvais le lendemain plus humide et plus rouge que la veille.
J’aime l’usage du pronom personnel « elle » qui donne à la tache une existence presque humaine : on a l’impression d’assister à un jeu de séduction entre un homme et une femme. Et ce glissement à la toute fin du texte vers la couleur rouge, inquiétante, donne envie de connaître la suite…
j’aime bien