Ce n’est pas un enfant comme les autres. Ce n’est plus une piscine comme d’habitude. Ce ne sont plus seulement ses parents qui entourent l’enfant. Ce n’est pas la tenue habituelle d’une psychologue de se retrouver en maillot de bain. Il y a deux caméras dont une sous-marine qui enregistrent la séance de thérapie en milieu aquatique du centre d’action médico-sociale précoce. Plus tard, le document destiné à la formation des personnels soignants s’intitulera la promesse de l’eau . Les mains de l’enfant écartent l’eau, comme s’il cherchait à la creuser, dans un mouvement incessant, répétitif, automate. Sans fin, à la recherche d’une unité impossible à trouver, il écarte en vain le liquide que ses yeux fixent, immobiles, sans rien voir d’autre. La séance a duré une vingtaine de minutes. L’eau n’a rien cédé aux gestes de l’enfant. Mais sa fluide résistance n’a pas contrarié la souffrance de ce garçon de moins de six ans.
(aucun enfant n’est comme les autres tsais) (il y avait une piscine dans le carré Louis-Blanc/Col fab/Grange-aux-belles/quai de (je ne sais plus) (des amis vivaient dans ces immeubles) qui accueillaient les bébés dits alors « nageurs » – mes enfants y nageaient tranquilles mais elles avaient peur – on ne touche pas le fond des pieds – on est portés et l’odeur est bizarre – il y a des sons répercutés – à la piscine on a peur – enfin moi)(et donc peut-être probablement elles) (ce sont des filles) (c’est parce qu’on les accompagne que les enfants sourient) (commentaire en cent mots)
« L’eau n’a rien cédé aux gestes de l’enfant. » Entre la mort et la naissance.
Sans pouvoir dire pourquoi, j’ai envie de lire et relire ce texte. Je ne sais pas si il parle à la lectrice, à la psychologue ou à l’enfant en moi… est-ce un morceau de bravoure ou y aura-t-il une suite ?