La forme avance sur la couette et je retiens mon souffle. Il doit avoir le visage de Morq, avec son oeil rouge. Il ne peut avoir que le visage de Morq. Il faut qu’il ait un visage. Au dessus ma soeur dort. Je met la couette sur mon visage.
Dans le sous-sol, ce vieux canapé lit pour les enfants et les chats. Le poids sur la couverture. Ce n’est pas un poids. C’est une matière. Ce n’est pas un chat.
Lit collé au mur. J’ai couvert le miroir de mes vêtements. L’obscurité me regarde. Si elle avait au moins un souffle, j’aurai moins peur.
Une porte claque. Pourtant, il n’y a personne. J’ai rompu. J’essaie de remonter mes jambes pour ne pas sentir la matière lourde grimper aux draps. Je n’y arrive pas.
J’entends des rires au salon. La télévision n’est pas éteinte. L’ai-je allumé? Mes membres sont aussi rigides qu’une poupée. Je deviens une poupée de porcelaine.
Je ne ferme plus le volet. Le chat feule après mon lit. Il y a du fer sur mes cils. Je ne peux pas ouvrir les yeux. La matière attend.
J’ai murmuré un nom, je crois… lequel ? Les cloches de l’église sonnent. Nous sommes déjà le matin.
Quelque chose bloque mon souffle. Je veux atteindre la lumière. Je fais tomber l’oreiller.
En haut dans le dortoir. Un homme monte à mon lit. Il décroise mes bras. Il me murmure « c’est parce que tu dors dans la position des morts. » Il s’en va. La matière aussi.
Terrifiante, cette matière qui fait lien tout au long du texte …
Un vrai plaisir de lecture (et de chair de poule) !
Dans le lit tout le texte…Chair de poule…Merci pour cette communication sans parasite !