Le bras déplié, la main saisissant l’interrupteur, le pouce prêt à appuyer pour éteindre si j’entends un pas dans le couloir. La tête posée sur le bras, un livre dans l’autre main, le visage absorbé par les pages.
Chambre noire, de bois et de fatras. Loin de tous, je commence une vie rien qu’à moi. J’enlève mes oripeaux et presque nue, j’apprends de nouveaux mots.
Refuge du lit profond dans l’enfance qui s’enfuit, je suis l’héroïne de mon propre film. Murs pastels, sols quadrillés de blanc et noir, l’armoire craque, le train passe toujours à la même heure.
Matelas au sol, sur le carrelage. Rideau rouge qui laisse entrer le matin trop tôt. Les volutes sont retombées, il n’en reste qu’une sale odeur et un spectre qui hante la maison.
Sofa bleu marine, papier peint vert d’eau, ronron du réfrigérateur, je joue à être grande. Je fais ce qu’on m’interdit, je ne dors plus.
C’est blanc et aseptisé. Quand vous vous reveillerez, tout sera réglé. Je vais compter jusqu’à dix et vous allez vous endormir. Un, deux.
Tintement de métal dans la rue, six étages plus bas, l’appel des vendeurs de butane, comme un refrain familier. Cœur amoureux n’est pas prudent, il se laisse aller à la moiteur des contes.
Chambre minuscule tout en bois en bord d’océan. Des heures à regarder le plafond juste au-dessus de nous, les dessins inventés par le bois, compter les moutons échappés dans les nuages.
L’enfant collé au creux du corps, ne faire qu’un à nouveau dans le grand lit blanc. Vivre la nuit quand tout le monde dort, chantonner des airs d’antan, dans les draps purs et frais. J’arrête de me raconter des histoires.
J’aime la capture de l’instant, la fragrance de l’intime.
Merci JLuc, work in progress.
Il y a toujours « les dessins inventés par le bois », des chimères pour se raconter des histoires
On m’a vu dans le Vercors… Le titre m’a attiré. J’aime beaucoup « Des heures à regarder le plafond juste au-dessus de nous, les dessins inventés par le bois, compter les moutons échappés dans les nuages. » Souvenirs d’enfance.