LÀ-HAUT comme des oiseaux LÀ-HAUT les feuilles se dessinent à l’horizontale sur le bleu LÀ-HAUT à contre-jour LÀ-HAUT grignoté par des dents minuscules LÀ-HAUT tout en haut, encore plus haut et n’être plus qu’un point LÀ-HAUT les étoiles ne filent jamais assez pour les vœux d’en bas LÀ-HAUT celles qui scintillent et celles qui n’en sont pas LÀ-HAUT couchés sur le sol, mesurer la distance, faire le voyage en un coup d’œil LÀ-HAUT et se perdre LÀ-HAUT la pluie se prépare, pas pour ici, pas pour aujourd’hui LÀ-HAUT la trace d’un vol pour Singapour ou Acapulco, pour Roissy ou Carcassonne LÀ-HAUT quelqu’un a peur ou mal au ventre, quelqu’un écoute un air triste, quelqu’un boit un jus de tomate, quelqu’un hésite, quelqu’un décide de rompre, quelqu’un mourra de retour en bas – il ne le sait pas, quelqu’un crève d’envie de fumer une cigarette, quelqu’un prend une photo, quelqu’un achète un parfum, quelqu’un prend une bouffée de Ventoline, quelqu’un regarde le même nuage que moi d’au-dessus, comme une mer, quelqu’un éternue, quelqu’un se demande ce qu’il y a en bas, quelqu’un regarde l’heure, quelqu’un reconnait une femme – où l’a-t-il vue déjà ?, quelqu’un arrête de respirer pour déboucher ses oreilles, quelqu’un rêve de vacances, quelqu’un fait tomber son stylo, quelqu’un marche sur les pieds d’un autre en allant aux toilettes, quelqu’un en a marre de l’enfant qui pleure, quelqu’un aurait aimé être à côté du hublot, quelqu’un regarde les mollets de l’hôtesse, quelqu’un mange un bonbon à la fraise, quelqu’un se demande s’il a eu raison de faire ce qu’il a fait, quelqu’un lit un poème de Baudelaire, quelqu’un est persuadé que ça va se finir aujourd’hui, quelqu’un relit les consignes de sécurité LÀ-HAUT les épaules de mon père quand j’ai quatre ans LÀ-HAUT la cabane, le grenier, le placard de la cuisine LÀ-HAUT sur la pointe des pieds, les bras tendus « Ça va pas bien LÀ-HAUT ? », elle s’énervait LÀ-HAUT leur chambre On va LÀ-HAUT ? LÀ-HAUT là où il faut aller, on dirait : la queue au pied du grand ascenseur LÀ-HAUT monter pendant des heures à s’écorcher les pieds pour redescendre après LÀ-HAUT le drapeau claque au bout du mât LÀ-HAUT aloa LÀ-HAUT coule la cascade, s’abat avec fracas LÀ-HAUT les nacelles de la grande roue reflétées dans le fleuve LÀ-HAUT le treizième étage pour regarder le feu d’artifice en face LÀ-HAUT le chant de la soprane pendant ce temps-là : de LÀ-HAUT se jeter comme un oiseau