Je ne me souviens pas de mon premier ciné, en revanche, la télé m’a laissé des mémoires persistantes. Forcément, quand on est d’une famille immigrée, les parents regardent la télé qu’ils ont l’habitude de voir. Aujourd’hui, ça ne surprend personne de voir des films, séries ou émissions étrangères, mais « de mon temps, bande de petits flans », fallait installer la parabole, l’orienter dans le bon sens, trouver le satellite. Ce manège était à répéter, en cas de rafales, de tempêtes ou de déménagement. Ca prenait toute la matinée, et c’était barbant. L’un en haut, l’autre en bas, les deux gamines à mi-chemin, pour transmettre les informations. « Non, tourne un peu plus, un peu moins, je n’ai que les premières en clair, …. » forcément, à autant de répétitions, l’info n »arrivait qu’à moitié.
L’affaire ne s’arrête pas là, elle me hante encore aujourd’hui. Non, la grande vadrouille n’est toujours pas drôle ni attendrissante, ni la cité de la peur. Quand on n’a pas les dimanches pluvieux passés à regarder ces films en boucle avec la famille, forcément, c’est moins teinté de guimauve.
Et ce moment de solitude infinie face à une comédie de Till Schweiger, quand je me roule par terre en tenant mon ventre, et que celui qui partage mon canapé reste de marbre. Du marbre très dubitatif. Bande d’incultes. Payons hommage au rouleau compresseur américain, il nous fournit assez de contenu consensuel pour qu’on tombe d’accord quoi passer en bruit de fond.
Rouler par Chambéry le Haut, » v’là l’OPAC des Arabes », ah bon, qu’est-ce qui te fait dire ça ? « Obviously, suffit de voir ces paraboles, y’a que les maghrebins qu’ont ça ». Ravie de me savoir immigrée d’ailleurs.
Sinon, le premier cinéma marquant, c’était au collège, 6ème ou 5ème ( c’est dire ), Shining en grand écran. Le traitre à l’origine de cette initiative c’était le prof de français. J’étais pas prête.
Le plus drôle, c’est qu’à cette même salle Meliès de Melle ( faut préciser la ville, le cinéma des « petites villes » doit obligatoirement s’appeler LE MELIES ) que j’ai fait ma première nuit blanche, ado, pour l’intégrale des Miyazaki. Ironique, jamais je n’avais entendu parler de lui, quelle idée d’aller voir autant de films dont on n’a aucune connaissance, surtout pour une gamine de 14ans. J’étais pas prête non plus.