Le samedi et le dimanche aucun bus 21 ne part de St-Germain-au-Mont-d’or et ne dessert l’arrêt St-Germain cités. Elle vient voir les jardins ouvriers qui jouxtent l’arrêt. Une dame attend le 96 (Neuville-Quincieux) et lui raconte les jardins ouvriers et la cité, les constructions nouvelles qui auront des ascenseurs, les bâtiments où elle vit qui ont été isolés par l’extérieur il y a quelques années et sa parcelle qu’elle et son conjoint ne peuvent plus arroser. Lui, il est dialysé et ne peut plus porter. « À l’arrosoir, c’est trop dur, mais il y a toujours quelqu’un qui nous propose de le faire, ma belle-fille aussi quand elle vient. On ne peut pas arroser avec un tuyau ». On y cultive de tout, des tomates, des courges, des poivrons, de courgettes, des aubergines, des framboises, des mures, des fleurs. Tout le monde met des fleurs.
Une partie des jardins et les dix bâtiments vont être détruits pour implanter de nouvelles constructions. Les potagers promis à la destruction sont plus ou moins laissés en jachère, mais les autres sont entretenus et resplendissants. De son balcon, un locataire lui fait admirer sa parcelle de 100 m2 traçée au cordeau. Il cultive des zinnias qu’il appelle « ponpons » et elle lui demande des conseils de culture. Le grand terrain occupé par les jardins au milieu des immeubles est bordé de dispositifs pour étendre le linge, réalisé en forts poteaux d’acier profilé (des rails de récupération sans doute). On étend le linge dehors, sous sa fenêtre, à côté du romarin et du basilic en graines.
Un camion de location Carrefour s’arrête devant un des logements promis à la destruction. Un déménagement sans doute. La discussion ne s’engage pas, elle a parlé de départ, ils n’ont pas envie d’en parler. « On a le temps pas avant décembre ». Juste à côté, dans un petit local de service, sont affichés les horaires de la permanence de relogement (tous les mercredis de 14 h à 17 h) et le nom de l’interlocuteur privilégié ainsi que les numéros à appeler pour les diagnostics avant démolition qui nécessitent une visite du logement (recherche d’amiante).
La gare qui a transformé le vieux village serré autour de son château fort a ouvert en 1854 avec l’ouverture de la ligne Paris — Lyon — Marseille au bord de la Saône, elle n’a pris de l’ampleur qu’avec l’ouverture de la ligne Le Coteau (Roanne) — St-Germain-au-Mont-d’or (1866). Mais surtout de 1876 à 1953 la gare de St-Germain n’a cessé de croître en tant que gare de triage comptant désormais 14 voies de réception et 35 voies de formation.
Les jardiniers ne sont pas jeunes, la gare de triage emploie moins de personnel. Une époque se termine même si la municipalité de gauche et ICF annoncent une opération modèle et un traitement respectueux des différents interlocuteurs. Le beau village si bien situé au bord de l’eau, à 12 min de la gare de Lyon Part-Dieu en train, se gentrifie de toutes parts : habitat participatif dans les vieilles demeures du village, nouvel habitat collectif et nouveau centre commercial proche de la gare, disparition de la cité cheminote des années 30.
A l’occasion du Forum des Projets Urbains 2016, SNCF Immobilier et sa filiale ICF Habitat Sud-Est Méditerranée ont présenté le projet de renouvellement urbain participatif de la cité cheminote de Saint Germain au Mont d’Or. ICF Habitat Sud-Est Méditerranée, filiale de SNCF Immobilier, a engagé un programme de renouvellement urbain d’un site de 161 logements sociaux. Le secteur se compose d’un ensemble homogène d’immeubles PLM datant de 1930 organisé autour de jardins ouvriers et de quatre ensembles conçus à la fin des années 50. Le projet comprend des démolitions-reconstructions et des réhabilitations, ainsi qu’une restructuration importante des jardins ouvriers et des espaces boisés. Cette requalification vise également à recréer une mixité par la construction d’environ 25 logements en accession à la propriété. La particularité de ce projet réside dans son caractère participatif. Cette opération de renouvellement urbain réunit et engage depuis plusieurs mois les collectivités (Mairie, Métropole du Grand Lyon), Babylone Architecte, les habitants et Jardinot, l’association des jardins ouvriers.