
C’est l’histoire d’un homme qui était si pauvre qu’il manquait de tout. Il n’avait pas d’argent, il n’avait pas de confort, il n’avait pas d’amour. Il avait une petite maison, il avait sa promenade dans la forêt, il avait sa solitude. Un jour, en revenant du marché, il a vu, devant sa maison, un grand oiseau blanc, ensanglanté, à terre. L’homme, maladroitement, l’a pris dans ses bras, l’a emmené chez lui, l’a déposé devant le feu de la cheminée, est allé chercher du vieux pain trempé dans du lait et l’a soigné. Quelques jours plus tard, l’oiseau était guéri. L’homme a ouvert la porte et l’a regardé au loin, s’envoler dans le ciel. Le lendemain, on a frappé à sa porte et sur le seuil, se tenait une jeune femme. Grande, élancée, yeux gris et de longs cheveux noirs qui volaient au vent. Elle lui a dit : Puis-je entrer chez vous pour devenir votre épouse ? L’homme, surpris, a ri, l’a fait entrer, a refermé la porte et le vent est resté dehors.
Ensemble, ils se sont réchauffés, ensemble, ils ont bu du thé, ensemble, ils se sont aimés.
Seulement l’homme était pauvre et l’argent est venu à manquer. Un matin, sa femme s’est approchée de lui et lui a dit : Nous autres femmes avons un secret, nous savons tisser. Je vais tisser derrière ce paravent, une étoffe que tu iras vendre au marché mais il y a une condition, je te demanderai de ne jamais venir me voir travailler. L’homme a accepté et la femme est partie derrière le paravent et il a entendu le métier à tisser.
Tac, tac, tac, elle tisse et tac, tac, tac, elle tisse. Sans s’arrêter, elle a tissé, de la journée, n’a pas cessé. Au matin du troisième jour, l’homme était épuisé. La femme est sortie de derrière le paravent. Elle avait le teint pâle, l’air amaigrie mais elle tenait dans ses mains, une étoffe dont semblait irradier des milliers de perles grises argentées. L’homme, maladroitement, l’a prise dans ses bras et s’en est allé au marché pour la vendre puis il est rentré chez lui.
Ensemble, ils se sont réchauffés, ensemble, ils ont bu du thé, ensemble, ils se sont aimés.
Mais l’argent de l’étoffe a bien vite disparu aussi la femme est retournée voir son mari et lui a dit : Je vais tisser encore une fois mais saches que ce sera la dernière fois et je te demanderai de ne pas venir me voir travailler. L’homme aussitôt a accepté et la femme est partie derrière le paravent.
Tac, tac, tac, elle tisse et tac, tac, tac, elle tisse. Sans s’arrêter, elle a tissé, de la journée, n’a pas cessé. Au matin du quatrième jour, l’homme était épuisé. La femme est sortie de derrière le paravent. Elle était encore plus pâle que la fois précédente, mais elle tenait dans ses mains, une étoffe dont semblait émaner une faible lumière.. L’homme, maladroitement, l’a prise dans ses bras et s’en est allé au marché pour la vendre puis il est rentré chez lui.
Sur le chemin du retour, l’homme s’est mis a penser : Si nous avions plus d’argent, nous pourrions aller à la ville ? Si nous avions plus d’argent, je pourrai ouvrir un commerce, si nous avions…A chacun de ses pas, surgissait une pensée jusqu’au moment où il s’est retrouvé devant sa porte et s’est souvenu des paroles de sa femme. Mais il s’est rassuré en se disant que très certainement elle serait d’accord. Il est entré, a parlé, elle a refusé, il n’a rien dit mais il a changé. Au fur et à mesure des jours, il est devenu maussade, taciturne, se mettait en colère si bien que sa femme lui a dit : Alors je vais tisser. Ravi, l’homme l’a accompagné jusqu’au paravent et il a entendu.
Tac, tac, tac, elle tisse et tac, tac, tac, elle tisse. Sans s’arrêter, elle a tissé, de la journée, n’a pas cessé. 1 jour, 2, 3 au matin du 4 ème jour, elle ne sortait pas, l’homme se demandait ce qu’elle faisait, pourquoi c’était si long, 5, 6 jours. Au matin du 7ème jour, l’homme n’en pouvait plus, il se demandait : Mais comment fait-elle sans boire ni manger ? 7, 8, 9 au matin du 10ème jour, l’homme n’y tenant plus s’est approché du paravent, l’a fait tomber. Un grand cri s’est fait entendre l’homme s’est figé sur place.
Devant lui, se tenait, non pas sa femme, mais un grand oiseau blanc ensanglanté qui arrachait les plumes de son corps pour les introduire dans le métier à tisser. La femme oiseau s’est levée, a souri et déjà elle était partie. Le vent est entré dans la maison et l’homme comme un fou, s’est précipité au dehors pour voir l’oiseau s’envoler dans le ciel.
Merci pour ce conte !
Merci, Clarence. C’est un cadeau magnifique !