La route qui vient du village tourne à 45 ° à droite vers le hameau de Villaricol en direction du col. A 45° à gauche elle descend au hameau du Villaret en franchissant le pont d’un ruisseau, frontière entre les deux hameaux. Adossée aux panneaux routiers indicateurs, je suis sur la frontière, l’ancien gué du ruisseau. Face à moi, de l’autre côté de la route, une solide croix de bois domine le talus herbeux. Rustique souvenir taillé à la hache des missions chrétiennes rurales d’avant-guerre. A quelques mètres de là, sur le replat du bord de route, trois containers-poubelles trônent. Trois imposants dômes métalliques gris posés sur des foudres plaqués de faux bois plastique : Verre – Ordures ménagères – Papiers.
Chemin des poubelles pour se débarrasser des ordures triées d’une consommation assumée. Chemin de croix pour se débarrasser de ses péchés passés lors de retraites religieuse annuelles.
Plantés entre la croix et les poubelles, deux poteaux de sapin supportent le panneau d’affichage municipal : avec le dernier compte-rendu du conseil municipal, figurent l’affiche du prochain vide-greniers des pompiers, les horaires d’un stage de yoga et la petite annonce d’une voiture à vendre, soigneusement punaisés.
Porter son regard loin du carrefour, s’envoler là-haut, où scintillent encore quelques plaques de neige sur le Mirantin qui domine la vallée.