La carte OùRA !

Plate surface. Petite, directe, volante, plastique. Recto-verso sans valeur : son magnétisme traverse tout. Son pile ou face n’arrange aucun hasard. Je la vois à peine : je la sors de ma poche, la passe sur le valideur – dont elle porte une image -, vois que sa lumière devient verte, je la rentre dans ma poche. Quelques uns ne la sortent même pas, ne la voient même pas, mais la passent à travers leur sac car elle aurait un fluide que reconnait le valideur. Soit en l’année 18 396, un archéologue trouve dans la poche d’un homme (qui serait moi), tétanisé par une subite coulée de plastique dégorgeant d’un accident industriel une étrange petite carte, cette étrange petite carte, en lambeaux, jamais répertoriée encore. Épaisseur fine, habillage aéré d’un ovale d’un coté et d’un plein de l’autre. Traces réparties sur toute la surface sauf un implant métallique carré du coté de l’ovale. Glisse dans l’habillage. Translation aisée. Réactif paillettes de fer. Renforcement dans la coque, carte en lamellé, restes de couleurs. A souffert d’un manque de considération. Objet type /Climat/Sans/Radiations. Plate surface. Touché doux, feutré, doigt léger. Cela pourrait être une autre main, d’ailleurs elle permet de commander quelque chose : valide-moi ! Elle oblige. Le bus démarre, le tram ouvre ses portes. Recto-verso indifférent pour plus d’efficacité. Peut-être pourrait-elle voyager seule ? Mais, ô carte, dans le vide de ta surface, mais dans ce qu’il est convenu d’appeler ton sens, apparaissent, sans rapport, des tonalités, ou soupirs, un brouillage. Des illusions : au lieu du rêve, toi, un support. Ta surface, mille fois reproduite, et ce n’est pas à cause du temps, ce n’est pas à cause d’une patine, ce n’est pas un autre ailleurs, c’est ta surface un autre moment présent.