Couloir chez toi se dit rue. Comme pour activer chez celui qui avance une conscience vive de sa position. Suspendu momentanément entre deux rangées d’appartements, deux séries d’intérieurs certes mais en ville. En un lieu poreux au grand dehors de l’air , de la lumière. Je vérifiais comme chaque fois que je ne m’étais pas trompée d’étage en regardant les numéros éclairés par une petite lampe. Le corps plongé dans cette nuit voulue, dans ce noir je marchais. Je pense aujourd’hui que l’enfant qui a arpenté ces allées n’a pas inscrit en lui les volutes du centre, ces escaliers étroits ces lieux sans ascenseur où des plantes vertes prospèrent sur de minuscules paliers. Je ne l’ai vue qu’une fois arrivée. Devant ta porte.Assise à même le sol. Elle attendait, une pile de journaux posée à côté de ses genoux repliés. Tu es passée aussi ? Nous distinguons mal nos visages.
Couloir chez toi se dit rue.
Cette accroche m’a amenée à lire et à relire jusqu’à voir dans le noir, m’étonnant de la découvrir enfant, j’ai cru voir des silhouettes de palmiers sur des paliers, et finalement un corps attendant assis au sol, devant une porte.
J’ai continué à m’interroger sur cette porte qui se dit rue.
J’ai beaucoup aimé cette rue et les années qui y ont passé et la cage d’ escaliers qui ne s’était pas inscrite…