de la sortie de la gare #L2
Devant la jolie gare rose qui aligne ses arcades on débouche, comme souvent, sur une place carrée, d’où part, dans l’axe, une rue ou avenue plus ou moins longue, qu’on suit instinctivement pour rejoindre le centre ; en fait ici ce sera pour rencontrer une seconde place, un long bassin et, en biais, la version citadine de la route qui depuis toujours sans doute éventre la ville et mène au réseau de canaux et de ponts fleuris qui font son charme et lui ont valu, au prix d’une très chauvine exagération le surnom banal de Venise de la région. Mais celui qui fait les cent pas devant la gare attendant une voiture, en retard bien entendu, qui doit venir le prendre, celle ou celui qui hésite avant de plonger dans un nouveau cadre, une nouvelle vie, et s’en va lentement à pied à sa rencontre, découvre, avec une curiosité plus ou moins fugace, que le nom de place de la gare est ici remplacé par celui de place Deng Xiaoping, et, sur la gauche, perpendiculaire à la gare, une grande stèle, un bas-relief, une rangée de jeunes gens – quelques jeunes filles aussi – en costume sage (seuls les corsages des filles mettent une petite note orientale dans l’ensemble, sauf si on s’attarde sur les visages).. et pour peu que sa curiosité persiste, une fois installé, il ou elle apprendra que le lycée enseigne le mandarin, que d’assez nombreux touristes chinois font un détour respectueux par cette ville, et ce qui est à la base de ces particularités :l’histoire du mouvement « Travail-Etudes », des étudiants-travailleurs envoyés de la province de Hunnan en France dans les années 20, de ceux, rares, qui sont restés, de ceux, plus nombreux et célèbres qui ont regagné leur pays et contribué à son histoire, comme Cai Hesen l’intellectuel qui, en accord avec les autres, ou la plupart, je ne sais si on a gardé trace fiable des discussions, a proposé à Mao Zedong la fondation du PCC (qui aura lieu en Chine un peu plus tard), comme son amie Xiang Jingyu « la jeune fille parfaite » qui, une fois rentrée, fonda et dirigea la première école de filles, comme Li Fuchun l’économiste, et comme Deng Xiaoping qui travailla chez Hutchinson à Châlette-sur-Loing (sous le nom de Teng Hi Hien et à vrai dire selon la fiche retrouvée dans les archives de l’usine il a été embauché mais brièvement parce qu’il semble avoir eu autre chose en tête qu’un travail assidu), et il pourra en approfondir l’histoire au moins dans les grandes lignes officielles grâce au petit Musée de l’Amitié franco-chinoise ouvert par la province du Hunnan dans une rue du centre ville.
de la boutique de Jean #L3
Ce serait une petite boutique (une porte vitrée encadrée de deux fenêtres) dans la petite rue Pêcherie – ce qui nécessite un faible détour dans le trajet des deux femmes – juste à côté de la place qui marque le début du charmant quartier piéton du même nom (menacé de nos jours par un projet d’ouverture sur une rue commerçante très fréquentée) – face à un large trottoir et un massif fleuri. Un intérieur – on lève un nez dilaté de plaisir en entrant – à la lumière tamisée (avec de grandes lampes flexibles pour mettre en valeur des détails quand besoin il y a), un grand comptoir de bois faussement ancien, des sièges aussi confortables qu’authentiquement fatigués, une table vitrée pour les archets poussée contre le mur de gauche sous un certificat et des articles encadrés sous verre, des partitions et des revues sur un guéridon, une bibliothèque, et, au fond le chatoiement des essences de bois des violons suspendus en rang… à côté de la porte grande ouverte qui mène à l’atelier lumineux et ses trésors, les quatre grandes tables, la verrière sur le petit jardin, les bois, les étagères portant en un ordre toujours perturbé les instruments, les scies, les gouges de toutes tailles, les bédanes, les rabots, les grands et les noisettes, les grattoirs, les ciseaux, les lousses, les canifs, les râpes et limes, les trusquins, les pinces à vis, les taille-chevilles, les chevalets, les anneaux de butée, les vis de pressage, les presses à tabler, les presses de restauration, les presse-éclisse, les compas d’épaisseur, pointes à âme, gabarits, fers à cintrer, les colles, la gélatine, les vernis et pinceaux etc… les meubles pour les dessins et les cordes et bien sûr, outre le sourire de Bob, les tresses de Karima penchée sur son travail et le silence de Fabio les assistants et l’apprenti, les instruments malades, sagement rangés contre le mur, puisque c’est eux qui représentent la plus grande partie de leur activité
Merci Brigitte, cela promet une histoire fascinante…que j’avoue attendre depuis longtemps…depuis la jeune mariée qui part pour l’orient (vieux souvenir d’un atelier passé)
grands peur de te décevoir 🙂
sûrement pas !