le coup de téléphone et prendre le bateau, cabine, elle n’en sort pas de la cabine, pas de promenade sur le pont, dans les coursives, les étages, la grande salle bleue où boire un café, un verre sous les étoiles près du piano-jazz – pas cette fois, cette fois elle ne peut pas, ne peut rien faire tandis que le bateau vogue et emporte, contre les vagues sous le ciel gris, houle lourde et profondeurs, au-dedans au-dehors et remous, de l’eau partout, des vagues qui se jettent, qui font des larmes sur les carreaux, peut-être les siennes en transparence, elle ne fait pas la différence, tire les rideaux sur l’eau noire ; elle s’assoit à la table, dans le miroir se regarde, se toise dans le miroir, s’invective, se fait son petit théâtre, une mise en scène insupportable, et se raconte l’histoire, tout ce qui est arrivé depuis, et même un peu avant, et les mois les années, ce qui a précédé ; elle sait que c’est la dernière fois, prendre le bateau pour là, une dernière fois de l’autre côté de l’eau, et traverser l’opaque immensité, le silence de la nuit, sans plus de cri, plus ce cri quand elle a su, dans la baignoire, derrière la cloison de la salle de bain ; ce soir, ne reste que l’écran qui invite et absorbe, alors elle prend la télécommande, appuie sur le bouton, elle cherche quelque chose, même de moche pour passer le temps, avec le son, se remplir pour refaire l’équilibre, même de rien, même de vide
Parfois je m’étonne et m’interroge lisant tous ces textes, toutes ces contributions de tous ces inconnus, pourquoi toujours sont-ils tirés vers l’intérieur, le silence, l’arrachement aussi souvent ? Comme si l’acte d’écrire, menait vers cette pente.Comme c’est curieux.