1 – une femme arrive dans une gare, échange poli avec voisin et petit vertige devant le futur inconnu sur le quai.
ce qui va en devenir je ne savais vraiment pas… commence à avoir cerné un peu plus d’un mois plus tard, et je sais que du voisin il ne sera plus question (même si un commentaire m’y invitais) que ce sera elle, peut-être repoussée un peu au second plan du dialogue/rapport/ajustement avec deux enfants.
là je ne m’ennuyais pas encore ; une arrivée, si on repousse la misérable petite anxiété murmurante devant ce qui peut suivre, c’est un moment réjouissant, coloré d’un peu d’espoir ou au moins d’attente, et puis c’est la fin de l’inconfort d’un siège faussement adapté des trains à couloir central… bien ennuyée par des commentaires gentils qui, faute de trouver une accroche, s’attachaient à la petite valise et y voyaient l’ébauche d’un mystère, lui ai donné mentalement un petit coup de pied pour la pousser hors de ma vue.
2 – L’homme dans le train sort son ordinateur et travaille, la femme est sur la place de la gare.
et je ne sais toujours pas ce qui va bien pouvoir se passer… description d’une place de gare, évocation de la ville et un petit bâillement intérieur dont je veux croire qu’il s’effacera, mais que je sois pendue si je sais comment (juste tenter de ne pas y importer ma vague mauvaise humeur)
ai pensé que la ville était le cadre de la suite éventuelle, ai pensé que des détails déjà évoqués interdisaient le sud, le nord aussi sans doute, qu’il fallait rester dans le neutre, ai regardé sur la carte, ai lu Montargis, ai appris un certain nombre de détails sur cette ville inconnue (sauf le nom), m’ont intéressée même si je les ai déjà oubliés, en ai gardé quelques uns, les ai posés comme un cadre qui sent un peu le Syndicat d’initiative, me suis dit ça suffira pour la suite, en fait le cadre d’une petite ville moyenne peut n’avoir aucune importance (hors ce côté société de ville moyenne, pas forcément en plein essor) sur la vie intime des personnages, ces personnages dont j’essayais de me persuader qu’ils pourraient m’intéresser.
3 – de la ville ne restent que des rues anonymes, une voiture et une boutique ou son seuil à la fin – les voix intérieures de trois personnages : la mater familias qui amène dans le récit son fils qui s’en va (et ses enfants à peine évoqués) et Chantal sa fille qui a proposé pour garder les dits enfants toujours brumeux son amie, Julie la jeune femme qui arrive et ses craintes dont elle se protège par un regard froid sur cette femme et son assurance apparente, Jean le gendre et le souvenir qu’il a de Julie
l’ennui que j’éprouve, mon entêtement, cette incapacité que j’ai depuis toujours à comprendre « les gens » et ma gêne à l’idée d’imposer mon regard même à des personnages créés par moi qui fait que je présente déjà mes excuses à la mère et la fille – remords aussi d’avoir appelé cette dernière Chantal ce qui, je l’avais oublié, peut la classer pour certains… pour moi c’était le prénom d’une petite morte oubliée presque totalement,
5 – Jean évoque la situation et le souvenir qu’il a de Julie, de leur dernière rencontre lors d’un deuil de celle-ci et peut être de souvenirs plus anciens… téléphone à sa femme
des rencontres futures, obligatoires entre Chantal, Jean et Julie, dont je ne pensais pas encore ‘ce qui me vient maintenant) qu’elles seront provoquées par les enfants et que ce serait peut-être ces derniers les personnages, rencontres qui devraient aussi rétablir des relations nouvelles entre eux parce qu’il me semble que l’amitié entre les deux femmes n’est plus depuis longtemps qu’un souvenir consacré, que la vie n’a pas nourri. Chantal y gagne un sens pratique, une envie d’organiser qu’elle tient de sa mère.
toujours rien, une piste que je m’amuse à lancer pour craindre ensuite de tomber dans le banal, décider de garder juste ce qu’il faut pour installer une bienveillance amicale entre Jean et Julie. Moi je leur suis totalement étrangère, préoccupée de ce que je deviens et ne voulant en décider.
6 – Julie revit le dîner de rencontre, X (le père des enfants) prépare son départ
lui, il me plait assez, indéterminé qu’il est, mais il ne devrait intervenir qu’à travers sa fille je pense, et elle, Valérie, pourrait être l’oeil, la voix, ou l’actrice de la suite , lui suppose un petit recul devant l’intruse, une envie d’aller vers elle inconsciente, un désir de se la concilier et peut-être de la diriger plus conscient, un mélange de tendresse protectrice et d’exaspération envers son frère, un mélange d’amour éperdu et de rancune envers son père, pour la mère-en-allé je pense qu’elle la gomme et ne sais ce que cela cache.
Définitivement je n’aime pas les romans, sauf les policiers, juste l’écriture de certains et la façon dont elle m’incite à m’intéresser à ce qu’ils racontent, décidément je n’aime pas les romans bourgeois ou alors bien convenus et idiots pour le reposant ennui qu’ils procurent… mais je décide de m’accrocher et tant pis pour la pauvre Valérie qui tout d’un coup m’a intriguée, parce que vais sans doute l’abîmer… penser à eux par moments pour me changer les idées, en espérant qu’ils finiront pas prendre importance plus grande, et puis m’installer pour quelques heures et laisser l’écriture agir, avec la volonté déçue, forcément déçue, de corriger un peu cette soupe.
image © Brigitte Célérier (qui n’en est pas fière)
Mais quelle soupe!!! Même si la valise et Valérie en prennent un coup ..j ai aimé ces parcours des personnages aux doutes…
moi je m’interroge 🙂
Oui c est justement ce parcours dans les interrogations qui est extra je trouve….
C’est belle aventure de découvrir une histoire en l’écrivant.
Quel regard l’auteure porte sur cette ébauche ! Acéré, acerbe, désenchanté et ça en fait tout le charme. Drôle en fait. Merci.
Je comprends très bien l’hésitation à aller déranger les gens que l’on inventé. C’est sensible pour moi au moment de les nommer. Grand plaisir de lire ce texte.
un grand merci à tous.
Oui Anne trouver ce qui est drôle dans cette situation, pour continuer